A qui sera la cathédrale?

Cathédrale Saint-Guy
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Depuis douze ans, on se dispute les droits de propriété sur la cathédrale Saint-Guy au Château de Prague. Selon certains, elle devrait appartenir à l'Eglise catholique, d'autres estiment qu'elle appartient à l'Etat tchèque. Le récent verdict de la Cour suprême de Brno ouvre une nouvelle étape de ce litige.

La cathédrale Saint-Guy, Saint-Venceslas et Saint-Adalbert, car c'est ainsi qu'elle s'appelle officiellement, domine le Château royal et le panorama du centre historique de Prague. Considérée comme la mère des églises tchèques par les catholiques, elle abrite la couronne royale, ce qui en fait aussi le symbole de la nation tchèque. L'affaire de la cathédrale est donc également une confrontation entre foi et politique.

Dès 1992 l'Eglise catholique tchèque porte plainte contre le Bureau du président de la République et réclame la restitution de la cathédrale. L'affaire divise la société tchèque en deux camps. Le camp des partisans de l'Eglise affirme que la cathédrale construite au XIIIe siècle pour abriter les cérémonies du culte doit appartenir à l'Eglise catholique romaine. Leurs adversaires soulignent par contre que l'église a été bâtie par l'empereur Charles IV pour abriter la couronne royale, qu'elle était donc, dès le début, aussi une institution d'Etat et qu'elle appartient au peuple tchèque.

Le procès se heurte depuis le début à des problèmes de procédure. Tandis que l'Etat est représenté dans ce litige par le Bureau du président de la République, il n'est pas évident qui doit représenter l'Eglise catholique. Le verdict de la Cour suprême de Brno, qui tombe après 12 ans de discussions, résout donc finalement ce problème. L'Eglise catholique sera représentée par le Chapitre métropolitain de Vysehrad, institution religieuse qui a été chargée de l'administration de la cathédrale déjà sous Charles IV et allait assurer cette tâche pendant six siècles jusqu'à l'année 1956, date à laquelle on a transféré cette compétence au Bureau d'administration du Château de Prague. Les protagonistes du procès sont donc désormais clairement définis et l'affaire peut passer finalement à la Cour du Premier arrondissement de Prague. On estime en général que l'issue de l'affaire n'est pas encore en vue mais que le verdict de la Cour suprême renforce la position de l'Eglise catholique.