A qui plaît le Traité de Lisbonne en République tchèque?

Le Traité de Lisbonne, avant même d’être soumis à la ratification du Parlement, divise la scène politique tchèque. Le clivage semble s’approfondir, aussi, au sein du Parti civique démocrate (ODS), le principal parti de la coalition gouvernementale.

Mirek Topolánek
Deux débats télévisés, deux positions différentes. « Le Traité de Lisbonne est un mal nécessaire », a déclaré le Premier ministre Mirek Topolánek (chef de l’ODS), dimanche, à la Télévision publique tchèque. Si le chef du gouvernement n’a pas voulu aller plus loin dans son soutien à la ratification du document concerné, l’actuel numéro deux de l’ODS, Pavel Bém, a été clair dans son refus confié à une chaîne privée. « Il n’est pas possible de déléguer les compétences nationales à Bruxelles, sans savoir vraiment pourquoi », a déclaré l’homme qui aspire à détrôner Mirek Topolánek du poste de chef de l’ODS et qui est soutenu dans ses ambitions par le président Václav Klaus.

Václav Klaus
Ce 10 novembre, la Cour constitutionnelle tchèque, appelée à examiner « la compatibilité du texte du Traité de Lisbonne avec la constitution tchèque », devait rendre son arrêt. Mais, à la demande du président Václav Klaus, les délibérations de la Cour ont été différées de deux semaines. A cause de ce report, la République tchèque assurera la présidence de l’UE à partir du 1er janvier 2009, très probablement, sans avoir soumis le Traité à la ratification… Une bonne nouvelle quand même pour le Premier ministre: la trêve annoncée pendant la présidence, entre le gouvernement et le Parti social-démocrate. Jiří Paroubek, leader de ce principal parti d’opposition explique :

Jiří Paroubek
« Un consensus est possible, à condition de nous concerter sur le style et le contenu de la présidence tchèque de l’Union. Il ne s’agit pas d’exprimer ainsi notre tolérance au gouvernement ou de conclure un nouvel accord d’opposition. Pour nous, l’essentiel est le contenu, nous insistons aussi sur une prompte ratification du Traité de Lisbonne et sur l’ouverture d’un débat sur l’adoption de l’euro ».

Le Traité de Lisbonne sera, aussi, un des thèmes majeurs de l’actuelle visite officielle de trois jours du président Václav Klaus en Irlande qui est, comme on le sait, son adversaire ardent. Point étonnant, dans cette logique, que le chef de l’Etat rencontre dans le cadre de sa visite Declan Ganley, le « Mister No » irlandais. Celui-ci vient d’obtenir à Prague - en présence du chef du Sénat, Přemysl Sobotka, comme le fait remarquer la presse - un « prix anti-bureaucratique pour le refus du Traité de Lisbonne », décerné par une association indépendante.