A Prague, David Cameron a sondé le gouvernement tchèque sur ses revendications de réformes de l’UE

Bohuslav Sobotka et David Cameron, photo: ČTK

David Cameron poursuivait à Prague ce vendredi sa tournée des capitales européennes engagée depuis plusieurs mois déjà. Le Premier ministre britannique entend obtenir le soutien de ses partenaires européens afin de pouvoir réformer certains points de fonctionnement concrets de l’Union européenne (UE), le tout dans la perspective du référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni parmi les Vingt-Huit. Reçu par son homologue tchèque Bohuslav Sobotka, mais aussi par le président de la République, Miloš Zeman, David Cameron effectuait sa première visite en République tchèque depuis cinq ans.

Bohuslav Sobotka et David Cameron,  photo: ČTK
Si David Cameron était venu à Prague il y a encore trois ans de cela, lorsque le Parti civique démocrate (ODS) était la principale formation de la coalition gouvernementale dirigée par le libéral Petr Nečas, et que l’eurosceptique Václav Klaus présidait le pays, probablement que les réformes qu’il envisage pour, dit-il, « rendre l’UE plus compétitive et répondre aux inquiétudes des Britanniques quant à [leur] appartenance à celle-ci », auraient eu droit à une oreille un poil plus attentive. Cette fois, la visite dans la capitale tchèque du Premier ministre britannique, favorable au maintien de son pays dans une Union réformée, intervient dans un contexte où la crise migratoire constitue la principale préoccupation en matière d’affaires européennes depuis plusieurs mois.

Du coup, sa volonté par exemple de réduire l’immigration européenne et, de facto, de remettre en cause le principe de la libre circulation au sein de l’UE, un sujet déjà très sensible au moment de l’adhésion de la République tchèque et des autres pays d’Europe centrale et de l’Est en 2004, n’est pas forcément vue du meilleur œil par le gouvernement tchèque. Ainsi, la demande de David Cameron d’interdire l’accès aux allocations sociales pour les immigrés européens pendant quatre ans, ne plaît pas à Tomáš Prouza, le secrétaire d’Etat en charge des affaires européennes, comme il l’a confié à notre confrère de la rédaction anglaise :

David Cameron,  photo: ČTK
« Une discrimination reste une discrimination. Peu importe la durée, qu’il s’agisse de six mois ou quatre ans, je pense qu’il n’y a aucune différence. En même temps, je comprends que la pression qui est exercée sur les services sociaux, de santé et d’éducation britanniques est très élevée, parce qu’il y a beaucoup d’étrangers qui vont vivre en Grande-Bretagne. Donc, si la discussion tourne autour de la façon dont le système britannique peut faire face à cet afflux, je le comprends. Mais cela ne m’empêche pas de penser que discriminer les personnes qui arrivent en Grande-Bretagne avec la réglementation actuelle ne constitue pas une solution. »

Londres affirme que quelque 300 000 citoyens européens viennent s’installer en Grande-Bretagne chaque année et que nombre d’entre eux abusent du système social. Là aussi une argumentation avec laquelle Tomáš Prouza n’est pas forcément d’accord :

Tomáš Prouza,  photo: TomasP01,  CC BY-SA 3.0 Unported
« Je pense qu’il y a deux choses différentes. La première est la liberté de circulation, c’est-à-dire que chaque citoyen de l’UE peut vivre dans le pays de son choix, et c’est un droit auquel il ne faudrait pas toucher. La seconde est l’abus du système. Et si nous parlons d’abus, alors je pense que tout le monde s’accordera pour dire qu’il faut les combattre. Mais la Grande-Bretagne n’est pas le seul pays dans ce cas. Beaucoup d’autres pays luttent contre ce type d’abus. Pour moi, la règle de base est que les personnes qui contribuent au financement du système ont le droit également d’y avoir accès. Dans le cas contraire, si ces personnes ne contribuent pas au système, chaque pays a le droit de se protéger. Ceci dit, si nous regardons les statistiques, on s’aperçoit que les citoyens des autres pays membres de l’UE qui vivent en Grande-Bretagne contribuent bien plus au système qu’ils n’en profitent. »

Protéger les pays tiers de la zone euro des décisions prises par les pays qui en sont membres, renforcer le rôle des parlements nationaux pour éventuellement bloquer certaines règles émanant de Bruxelles ou encore renforcer la compétitivité de l’UE notamment en réduisant sa lourdeur administrative, sont les autres princiaples revendications de David Cameron. Sur ces deux derniers points notamment, la position de Prague est probablement la plus proche de celle de Londres. Mais comme le précise Tomáš Prouza, le gouvernement tchèque aujourd’hui, et contrairement à un passé pas si lointain, préfère la négociation à l’affrontement à Bruxelles et se veut sur tous ces dossiers le partisan d’une approche constructive pour mener à bien ces éventuelles réformes.