A Plzeň, un terrain de parkour pour surmonter les barrières sociales

Photo: Magdalena Hrozínková

Mardi dernier, un terrain de parkour a été inauguré dans le centre de Plzeň par Ponton, une association qui tend la main aux enfants issus de milieux défavorisés. Ainsi, des dizaines de jeunes Roms ont pu s’initier à ce sport venu de France et encore peu connu en République tchèque, mais aussi au graffiti et au rap, tout cela en compagnie de professionnels tchèques et d’artistes belges du collectif « Spray Can Arts », invités en Bohême de l’Ouest dans le cadre du festival Bonjour Plzeň.

Photo: Magdalena Hrozínková
Quelques minutes à peine après son ouverture, l’unique terrain de parkour dans la région de Plzeň fourmille d’enfants qui sautent dans tous les sens. Le terrain se trouve à deux pas de la place centrale de Plzeň, au pied du pont qui enjambe la rivière de Mže. Il est situé à proximité immédiate d’une école primaire, où siège l’ONG Ponton. Cela fait vingt ans que cette association intervient, dans les villes de Plzeň et de Příbram, en faveur des enfants et adolescents issus de milieux défavorisés, pour la plupart d’origine rom. Chaque jour, ils sont près d’une centaine à profiter des services sociaux et activités de loisir proposées gratuitement par Ponton, parmi lesquelles le parkour. Le directeur de l’ONG, Jakub Václavů, explique :

« Le parkour est une activité sportive qui me fascine. Pour le pratiquer, il suffit d’avoir du courage et de bonnes chaussures, ce qui convient tout à fait à nos clients. Rien que cela leur permet de surmonter différents obstacles, ce qui est le principe du parkour. En fait, il faut se déplacer aussi rapidement que possible d’un point A à un point B et cela se fait d’une manière qui paraît absolument incroyable pour l’amateur non initié que je suis. De façon générale, nos enfants préfèrent les activités liées au mouvement et à la musique. Nous organisons des concours de danse, nous avons une salle de musique entièrement équipée où des musiciens débutants et des groupes peuvent répéter, nous louons et mettons à la disposition des jeunes une salle de gymnastique… »

Plasticien qui a réalisé, à proximité du terrain de parkour, une fresque murale dessinée à la bombe, Jérémy fait partie d’un collectif d’artistes liégeois spécialisés dans les arts urbains et invités en République tchèque par l’Alliance française dans le cadre du festival Bonjour Plzeň :

Photo: Magdalena Hrozínková
« On va réaliser un ensemble de typographies sur un fond noir, avec juste trois couleurs : du blanc, du rouge et du bleu. C’est un hasard, il n’y a aucun rapport avec l’Alliance française. Nous allons créer un ensemble de mots symboliques et positifs, optimistes, par exemple Paix, Rêve, Amour, Rire, Partage… »

Membre de cette même association intitulée « Spray Can Arts », Kaer, le chanteur du groupe de rap Starflam, est un habitué des grands concerts. Accompagné du DJ Eb Kaïto, Kaer s’est produit à Plzeň devant un petit public rom, réceptif et enthousiaste malgré la barrière de la langue. On l’écoute :

Photo: Magdalena Hrozínková
« Avec l’association Spray Can Arts, dont je suis le co-fondateur, nous sommes allés dans des foyers de jeunes, nous sommes allés à la rencontre des jeunes et adultes dans les prisons, nous avons aussi circulé dans des écoles, nous avons joué devant de petites classes… Pour moi, c’est une école de la scène. Cela permet de chercher en soi la capacité à donner le maximum, même s’il n’y a pas beaucoup de monde. C’est même plus difficile que de jouer devant 5 000 ou 10 000 personnes, ce qui nous arrive très régulièrement. C’est un vrai plaisir que de jouer devant un public comme celui-ci, car c’est un art qui vient justement d’une énergie. C’est un challenge ! On fait de la musique et c’est génial. »

Dans la matinée, vous avez animé un atelier destiné aux élèves d’un collège pragois. Peut-on apprendre les bases du rap en une heure ?

Photo: Magdalena Hrozínková
« La première chose que l’on fait, c’est l’identification de la musique. On identifie aussi le texte, la rime, la longueur, les textes étant assez longs. Tout cela, ils le connaissent déjà. Le but est d’avancer progressivement, en faisant des exercices : il faut trouver, dans ce cas-là en français, des mots qui riment ensemble, faire des phrases à partir de ces mots, compléter, faire participer toute la classe à ce travail. A la fin de la session, on a de quoi faire un couplet ou peut-être une chanson. J’ai développé toute une pédagogie en Belgique, où j’organise souvent ce genre d’ateliers. Ici, c’était aussi un challenge, avec la barrière de la langue. Je suis étonné de la qualité des cours de français dans ce pays, car les jeunes avec qui j’ai travaillé n’ont fait aucune faute d’orthographe, je trouve même qu’ils écrivent mieux que certains francophones natifs. Je vous laisse maintenant, je vais jouer mon dernier morceau… »