A l’été 1989, le Mur de Berlin se fissura à Prague

Ce jeudi, l’ambassade d’Allemagne en République tchèque organisait une journée Portes ouvertes pour commémorer le 25e anniversaire de l’exode massif de plusieurs milliers de citoyens est-allemands vers la RFA, via Prague. Durant l’été 1989, quelque quatre mille ressortissants de la RDA ont envahi le palais Lobkowicz qui abritait l’ancienne représentation diplomatique ouest-allemande à Prague, en transformant pendant plus d’un mois ses splendides jardins en un camp de réfugiés, jusqu’à ce que le régime Erich Honecker les autorise finalement à émigrer à l’Ouest. Une première brèche dans le rideau de Fer.

La raison pour laquelle la Tchécoslovaquie jouait le rôle de pays de transit pour ces réfugiés est-allemands, était, en mai 1989, la décision des autorités de Budapest de fermer la frontière austro-hongroise, utilisée le plus souvent pour passer clandestinement en Autriche puis pour rejoindre l’Allemagne libre. Par conséquent, la Tchécoslovaquie était devenue le dernier pays avec lequel la RDA possédait un régime sans visa. Plusieurs vagues d’émigrés de l’Allemagne de l’Est se sont alors rendus à Prague, pour demander l’asile à l’ambassade de la RFA. Le 30 septembre, au bout d’une dizaine de semaines d’attente, logeant aussi bien dans les bureaux de l’ambassade que sous des tentes improvisées dans les jardins du palais Lobkowicz, les réfugiés ont finalement vu leur vœu s’exaucer : le chef de la diplomatie fédérale, Hans-Dietrich Genscher, est venu dans la capitale tchécoslovaque pour leur annoncer en personne qu’ils étaient désormais libres de rejoindre leur destination rêvée. Ce fameux discours du ministre des affaires étrangères, est considéré comme un évènement qui a fortement contribué à la chute du mur de Berlin le 9 novembre de la même année, élément déclencheur de l’effondrement du bloc soviétique.

Maike Freytag-Pitrocha,  photo: Archives de l’Ambassade allemande à Prague
Porte-parole de l’Ambassade allemande à Prague, Maike Freytag-Pitrocha nous présente des différentes manifestations culturelles, sportives et éducatives prévues pour cette journée commémorative :

« La matinée, nous avons organisé un riche programme pour les écoles, puis l’après-midi, nous ouvrons nos portes au grand public. Il y aura notamment des débats avec des témoins, qui étaient s’étaient réfugiés dans les jardins de l’ambassade en 1989, nous avons également invité l’un des architectes de la réunification de l’Allemagne, Rudolf Seiters qui occupait, à l’époque, la fonction de directeur de la chancellerie fédérale, qui va prononcer un discours à cette occasion, les visiteurs pourront également discuter avec des personnalités tchèques, comme l’artiste David Černý, car sa célèbre sculpture appelée Quo vadis est installée dans le jardin de l’Ambassade. »

En effet, une sculpture représentant un Traband sur quatre pieds humains est l’une des premières œuvres qui ont fait connaître le célèbre artiste tchèque David Černý au grand public. Elle a été exposé pour la première-fois en 1990 sur la place de la Vieille ville, à l’occasion de la réunification monétaire de l’Allemagne. Son titre, Quo vadis, renvoie précisément à cette émigration massive, que plus de 15 000 réfugiés est-allemands avaient effectué bord de leur légendaire ‘Trabi’.

David Černý : Quo vadis,  photo: Wegmann,  Wikimedia CC BY-SA 3.0
Mais ce n’est pas tout, poursuit Maike Freytag-Pitrocha :

« Nous avons aussi pensé aux fans de football, qui pourront participer à un concours de tirs au but dans les jardins de l’ambassade, ou encore, un happening graffiti avec une reconstruction du mur de Berlin, et aussi un atelier photo avec des ‘Trabi’, bref, je pense que c’est un programme agréable où tout le monde trouvera son compte. Je me réjouis beaucoup ! »

Une occasion unique pour découvrir les locaux du magnifique palais baroque situé au quartier de la Malá Strana en dessous du parc de Petřín. Etant donnée leur forte valeur symbolique, le palais avec ses jardins environnants font l’objet de convoitise de la part de l’Etat allemand, qui souhaite, depuis de nombreuses années, les racheter à la République tchèque. Le palais construit en 1702 et dans lequel se sont produits par exemple Ludwig van Beethoven ou Carl Maria von Weber, fait partie du patrimoine national tchèque depuis 1927.