11 écrivains étrangers affirment leur solidarité envers Milan Kundera

Milan Kundera, photo: Gallimard

L’affaire Kundera continue à Prague, où l’hebdomadaire Respekt vient de refuser de s’excuser pour avoir publié le mois dernier un document d’archive datant de 1950 dans lequel l’écrivain apparaît comme un délateur. A l’étranger, et notamment en France, son pays d’adoption, Milan Kundera est très soutenu dans cette affaire. Une lettre de solidarité vient d'être signée par une dizaine d’écrivains de renom.

Philippe Roth, Orhan Pamuk, Nadine Gordimer, Salman Rushdie, Jorge Sempun, Gabriel Garcia Marquez : ce sont quelques uns des célèbres auteurs à avoir signé cette lettre de soutien à Milan Kundera, diffusée lundi par la maison d’édition Gallimard. Et voici comment commence cette courte lettre :

« Une campagne de diffamation vient d'être suscitée, visant à salir la réputation de Milan Kundera, en l'accusant d'avoir, en 1950, alors qu'il était étudiant dans la Tchécoslovaquie communiste, commis un acte de délation. Nous observons que Kundera a émis un démenti catégorique quant à ces accusations; et qu'un témoignage émanant d'une éminente personnalité scientifique de Prague le disculpe très clairement de ce qu'on lui impute. »

Cette « éminente personnalité scientifique de Prague » n’est pas nommée.

La presse tchèque s’interroge sur l’identité de cette personnalité, qui pourrait en fait être le désormais célèbre Zdeněk Pešat, qualifié d’historien de la litterature par les quotidiens praguois qui avaient publié son témoignage écrit quelques jours après le début de l’affaire.

Zdeněk Pešat, étudiant au moment des faits en 1950, avait indiqué que le délateur n’était pas Kundera mais un certain Miroslav Dlask.

11 écrivains ont signé cette lettre de soutien, dont quatre Prix Nobel de littérature.

« C’est davantage l’expression de leur confiance dans l’oeuvre de Kundera, estime Petr Fischer, qui dirige la rubrique culturelle du quotidien tchèque Hospodářské Noviny. Ces écrivains n’ont certainement pas eu entre les mains le document des archives. Mais le problème est désormais plus un problème d’incapacité à communiquer, du côté de Milan Kundera comme du côté des médias tchèques. Et force est de constater que nous sommes incapables de discuter de notre propre passé. On dirait que ce qui se passe chez nous a affecté ces excellents écrivains que sont par exemple Philip Roth ou Salman Rushdie. »

« Il ne s'agit, ni plus ni moins, que de ternir l'honneur de l'un des plus grands romanciers vivants, sur des bases pour le moins suspectes », peut-on lire dans la lettre qui se termine ainsi : « Nous tenons à exprimer notre indignation devant une telle campagne orchestrée de calomnie, et à affirmer notre solidarité envers Milan Kundera ».

L’écrivain tchèque Petr Prouza a rencontré Milan Kundera à Paris la semaine dernière et a indiqué à l’hebdomadaire Tyden qu’il n’allait pas porter plainte contre l’éditeur de Respekt, préférant consacrer son temps à l’écriture de son nouveau roman.

« J’ai essayé de le convaincre de porter plainte, confie Prouza, mais les époux Kundera sont très éprouvés par cette affaire et leur santé a été affectée. Ils ne veulent pas porter l’affaire devant la justice. »