L'usine chimique Spolana - une désinformation continue

De nouvelles contradictions sont apparues, mardi, dans la façon dont l'usine chimique Spolana informe l'opinion publique des problèmes auxquels elle fait face à la suite des inondations. Jarka Gissubelova.

L'usine chimique Spolana Neratovice, située à une vingtaine kilomètres au nord de Prague et endommagée par les inondations, a dissimulé les problèmes de santé dont souffrent des pompiers qui sont intervenus, lors de la fuite de chlore s'échappant de l'usine. Plusieurs d'entre eux ont dû être soignés sur place. Trois ont été hospitalisés à cause des brûlures de la peau par le chlore, a confirmé la directrice de l'hôpital de Neratovice. La direction de l'usine n'a pas informé de cet incident. Une autre contradiction, que la direction de l'usine refuse d'élucider, concerne la présence des pompiers de l'usine sur les lieux de la fuite de chlore avant l'arrivée d'unités de pompiers professionnels.

Un nuage de chlore s'est échappé, vendredi dernier, de l'usine Spolana. Le vent l'a dispersé en direction nord-est. Le directeur, qui refusait de communiquer avec les médias, a été révoqué. Pour prévenir de nouvelles fuites, le gaz est transformé en liquide, moins dangereux. Le traitement durera encore deux ou trois jours. Or il n'y a pas que le chlore qui constitue un danger pouvant menacer toute la région avoisinante. Lors des inondations, l'Elbe a emporté de Spolana sept conteneurs géants qui sont maintenant stationnés près de la commune d'Obristvi. Sa population ne croit plus l'affirmation de l'usine qu'ils contiennent des hydrocarbures ne présentant aucun risque. Un discrédit s'est créé autour de Spolana qui a mal informé des vrais risques causés par la crue. Les habitants des communes voisines ont peur. Le chlore a brûlé des arbres et des plantes cultivées dans les champs. L'usine Spolana cache encore un autre danger, beaucoup plus grave: des stocks de dioxines, matières cancérigènes. Le docteur Miroslav Suta, militant de Greenpeace, a des photos prises à bord d'un hélicoptère sur lesquelles on voit des bâtiments contaminés par des dioxines plonger dans l'eau, lors de la crue. Le ministre de l'Environnement, Libor Ambrozek, a confirmé que les eaux ont atteint ces bâtiments. Le ministre allemand de l'Environnement, Jürgen Tritin, qui a visité jeudi dernier Spolana, s'est dit inquiet au sujet des eaux qui pourraient être contaminées par des dioxines et par 250 000 kg de mercure stocké dans l'usine tchèque. Quelles matières toxiques se sont échappées lors des inondations, en quelles concentrations, quelles mesures seront prises pour éviter de nouvelles fuites. Autant de questions qui se posent autour de Spolana, surnommé déjà le Tchernobyl tchèque.