L'élection présidentielle de 89 : eh oui, on s'en souvient...

Vaclav Havel prête le serment

En novembre 1989, les Tchèques et les Slovaques se libèrent du joug communiste. En décembre, Vaclav Havel, figure emblématique de la Révolution de velours, écrivain et dramaturge, devient président de la République tchécoslovaque, appelée encore socialiste... L'élection de ce premier chef de l'Etat non-communiste depuis 1948 a été suivie, avec beaucoup d'émotion, par tous les habitants du pays. Et ce souvenir reste gravé dans leur mémoire.

Vaclav Havel prête le serment
Vendredi 29 décembre 1989, 10 heures du matin. La salle Vladislas du Château de Prague, où sont organisées, depuis des siècles, des cérémonies d'Etat, est archipleine : plus de 300 députés tchèques et slovaques sont venus élire le président de la République. Des représentants de la vie politique et culturelle, des Eglises, de l'armée et des diplomates sont aussi présents. Alexander Dubcek, à la tête de l'Assemblée fédérale, ouvre la réunion. Le Premier ministre, Marian Calfa, présente l'unique candidat à la présidence, Vaclav Havel, en retraçant son passé d'artiste, de dissident et de prisonnier politique. A 10h 20, Vaclav Havel est élu, à l'unanimité, Président tchécoslovaque. Au son des fanfares et sous les ovations, il entre dans la salle et prête le serment. On joue l'hymne de l'Etat, on arbore, au Château, le drapeau présidentiel, on tire vingt salves d'honneur... et, dans de nombreux ménages tchèques et slovaques, le champagne coule à flots.

Le nouveau Président assiste, ensuite, à un défilé militaire. Au début de l'après-midi, il monte, avec son épouse Olga, sur le balcon de l'aile sud du Château, pour saluer les milliers de gens, venus de tous les coins du pays. "Je vous promets de ne pas trahir votre confiance et de conduire notre pays aux élections démocratiques", déclare-t-il. Un tonnerre d'applaudissements. La journée du chef d'Etat fraîchement élu se termine à la Cathédrale St-Guy, où le cardinal Frantisek Tomasek, une autre grande personnalité qui a marqué l'histoire tchécoslovaque, célèbre un Te Deum. Interrogé sur ses premières impressions de cette journée hors du commun, Vaclav Havel a dit : "... durant les six dernières semaines, je n'étais pas capable d'analyser mes pensées, mes sentiments. J'ai tellement de travail que je serai obligé de remettre cette réflexion à plus tard, à un moment plus calme." En 2003, avant l'élection de son successeur, le Président sortant a utilisé presque les mêmes mots, en faisant le point de sa carrière politique.

Auteur: Magdalena Segertová
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