La musique et les fêtes de Noël

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La musique fait une partie inséparable des fêtes de Noël. Depuis le début de l'Avent déjà, on aime chanter, en pays tchèques, les cantiques de Noël. Chantés dans la chaleur du foyer, après le réveillon de Noël ou à la fin de la messe de minuit dans une église, ils ne cessent de remplir nos coeurs et nos âmes du calme et de souvenirs d'enfance. Je vous invite donc, ce jour solennel, à écouter avec moi les plus beaux cantiques de Noël tchèques.

Si l'on dit les cantiques de Noël, tout le monde voit le petit Enfant-Jésus reposant dans la crèche de Bethléem, ses parents, sainte Marie et saint Joseph, les animaux, vaches, moutons, chèvres, dromadaires, qui sont venus s'incliner devant le Sauveur et l'entourer pour qu'il n'ait pas froid.

Chanter les noëls est une coutume très ancienne en pays tchèques. Leurs prédécesseurs sont des dictons ou de petites poésies, si vous voulez, avec lesquels on faisait la quête de maison en maison, en demandant et en recueillant des dons, des étrennes, le plus souvent en nature. Exactement comme ce dicton sur le petit garçon nommé Etienne qui est tombé sur la glace avec les étrennes. Les chiens l'ont entouré pour les lui manger.

La coutume d'aller aux étrennes culminait pendant la période entre le jour de Noël et l'Epiphanie, soit entre le 25 décembre et le 6 janvier. Une autre importante période pendant laquelle on allait aux étrennes, c'est la fête de Pâques. Ces deux fêtes sont liées, en effet, par la mission commune de cette coutume qui est de saluer chaque maison au début du Nouvel An, que ce soit du point de vue du calendrier ou du commencement des travaux dans les champs. Quant à l'origine de la coutume d'aller aux étrennes, les chercheurs sont presque unanimes : elle remonterait à la période d'avant Jésus-Christ et elle serait étroitement liée au printemps signifiant le début des travaux dans les champs.

Le cantique de Noël, koleda en tchèque, vient du mot latin Calendae Ianuariae désignant, chez les Romains, les voeux de janvier à l'occasion du solstice d'hiver. Ce n'est que plus tard, avec l'arrivée du christianisme, que la koleda fête notamment la nativité de l'Enfant-Jésus. A l'époque, aller aux étrennes signifiait une cérémonie traditionnelle, dont l'objectif était de souhaiter le bonheur, la prospérité, la santé et l'amour aussi bien à la ferme que dans la vie privée. C'est la raison aussi pour laquelle les chanteurs de noëls étaient toujours les bienvenus. Leurs dictons ou chants étant considérés comme un bon et heureux présage. Souvent, les chanteurs se présentaient aussi en masques.

Dans la période gothique, on va toujours aux étrennes mais à part cela on commence à chanter aussi les Noëls. Ils sont inspirés, probablement, par des chants grégoriens chantés pendant la messe à l'église. Sur leur base, les croyants composaient des chansons semblables, avec une mélodie simple et facile à retenir. Leurs textes parlaient notamment de la naissance de l'Enfant divine et du voyage à Bethléem, au berceau du Sauveur. Voici le cantique de Noël gothique à deux voix « Serena Mente Iubila » de la moitié du XIVe siècle: «Peuple, jubile le nouveau fruit qui, admirable, a donné admirablement les choses admirables au début »...

Dans le baroque, les cantiques de Noël chantés en général à l'église, commencent à se rapprocher de plus en plus des chants laïques. Ils ont une mélodie gaie et facile. Le monde qui les peuple, lui-aussi, change. Ce sont, souvent, des musiciens qui se précipitent à Bethléem, de simples gens qui viennent regarder le nouveau-né.

Les cantiques de Noël tchèques ne manquent pas d'humour. Un cantique de Noël provenant des monts des Géants, par exemple, parle du voisin Brynda qui, en voulant épargner sur les gâteaux, n'a pas acheté de la levure mais un levain pourri. Pour stopper la colère de sa femme, il met un torchon dans sa bouche. Lorsque le voisin Vavra arrive en aide à la pauvre femme, le mari en colère lui donne une gifle.

L'Eglise moyenâgeuse ne tolérait pas longtemps ces moeurs libres. Elle a fini par interdire aux chanteurs de Noëls d'aller aux étrennes. Ainsi à partir du XIVe siècle, les vieux cantiques de Noël étaient remplacés par des chants religieux sur la nativité du Christ, d'abord en latin, plus tard, en langue nationale.

Parmi les plus beaux cantiques de Noël de cette période, il y ceux du compositeur tchèque Vaclav Michna d'Otradovice. Par exemple « En voulant qu'il dorme, elle chantait à son fils ».

Qui étaient ceux qui allaient aux étrennes? C'étaient avant tout les enfants mais aussi les adultes. Dans la campagne, il y avait même un chanteur de noëls permanent - le pâtre du village qui allait aux étrennes, accompagné de sa femme, de ses enfants et parfois aussi de musiciens.

Dans la période précédant l'époque hussite, peut-on lire dans une chronique ancienne, n'importe qui allait aux étrennes. A Prague, c'étaient même les chanoines de la cathédrale Saint-Guy, à côté des valets d'échevins et de baillis, des archers, des bourreaux, mais aussi des filles de joie. Aujourd'hui, cette coutume d'aller aux étrennes pendant les fêtes de Noël est complètement oubliée, en Tchéquie. En revanche, pendant les fêtes de Pâques, vous pouvez voir des groupes d'enfants retournant des étrennes avec les paniers pleins d'oeufs. Voici un cantique de Noël de la période hussite.

Maintenant je voudrais vous présenter quelques cantiques de Noël les plus populaires. « Nous vous apportons des nouvelles » date du XIXe siècle.

Tout le monde se précipite à Bethléem pour voir l'Enfant-Jésus, pour le bercer, pour lui chanter, pour lui souhaiter le bonheur....

Parmi les plus beaux cantiques de Noël, il y a sans doute celui qui honore la nativité du Seigneur « Notre Seigneur est né ».

Que dire à la fin? Les cantiques de Noël tchèques, qui accompagnent les fêtes, sont beaux, émouvants mais aussi gais et pleins d'humour. Il serait difficile de trouver en Tchéquie, quelqu'un qui n'en connaisse au moins un. Joyeuses fêtes et bonne Nouvelle année.

Le Choeur de Radio Prague chante des cantiques de Noël tchèques, cliquez ici.

Auteur: Astrid Hofmanová
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