Semaine de l'éco

Photo: Ministère de la Défense

Retour sur l'actualité économique en République tchèque

Le contrat de location des avions Gripen prolongé pour douze ans

Photo: Ministère de la Défense
Depuis de longs mois, c’est un des dossiers importants des ministres de la Défense successifs : le contrat de location des avions de chasse suédois JAS-39 Gripen arrive à expiration en 2015 et il s’agit donc de négocier sa prolongation. Il semble que cela soit chose faite puisque l’actuel locataire de ce ministère, l’ancien acteur Martin Stropnický (ANO), a annoncé en fin de semaine dernière qu’un nouveau contrat était prêt et que les chasseurs scandinaves assureraient la défense de l’espace aérien tchèque pour douze années supplémentaires.

Et selon le ministre, il y a de quoi se réjouir puisque le contrat avec la société suédoise Saab serait très avantageux pour la République tchèque. Outre le fait qu’il impliquerait des volets concernant l’entraînement de vingt-cinq pilotes et de quatre-vingt-dix techniciens tchèques ainsi qu’une modernisation du matériel, le montant de la location serait dans le même temps revu à la baisse. Ainsi, le contrat originel valait pour quatorze avions de chasse sur une période de dix ans et la République tchèque devait s’acquitter d’environ 80 millions d’euros chaque année. Le nouvel accord porterait sur un versement annuel de l’ordre de 63 millions d’euros. La partie tchèque a par ailleurs annoncé que sa marge de manœuvre était limitée dans le cadre des négociations et que l’offre suèdoise, considérée donc comme avantageuse, n’était valable que jusqu’à la fin de ce mois de mars.

Pourtant, d’après le site d’informations économiques E15, l’offre suédoise présenterait un défaut majeur. En effet, aucun contrat d’accompagnement ne serait prévu pour permettre de soutenir l’industrie tchèque. Ces contrats de compensations industrielles, les offsets, qui correspondent souvent à la participation d’entreprises nationales, par exemple pour la réalisation de certaines pièces de ces avions, sont courants lors de ce type de grand contrat. Et lors de la première location des Gripen suédois en 2005, la République tchèque avait obtenu, selon l’article publié par E15, des contrats de compensations d’une valeur atteignant 150% du contrat initial.

L’entreprise alimentaire Hamé étend ses exportations vers l’Afrique et la Chine

Le succès de l’entreprise alimentaire Hamé à l’étranger continue de croître ; un succès qui a été confirmé par les résultats économiques de la société publiés récemment. Selon ces données, ses recettes ont augmenté de 4% sur l’année dernière, enregistrant au total 5,313 milliards de couronnes, soit 197 millions d’euros.

Un peu plus de la moitié des recettes (52%) a été réalisée grâce aux exportations, et la société s’est axée davantage sur l’Afrique et la Chine. Les produits à base de viande de longue conversation ont été les produits qui ont représenté la plus grande part dans le chiffre d’affaires de la société. Une augmentation significative par rapport à l’année 2012 a été enregistrée en Russie, par exemple, où les ventes ont augmenté de 15%, ou en Ukraine de 29%, et en Roumanie même de 39 %. Les exportations vers l’Allemagne ont augmenté de 10%, et en Slovénie de 41%.

L’année dernière, la société Hamé s’est également concentrée sur les marchés en Afrique et récemment sur ceux en Chine. Des négociations avec les distributeurs locaux au Soudan, en Éthiopie et au Ghana, sont en cours. Et actuellement l’entreprise prépare des rencontres commerciales au Sénégal ainsi que dans d’autres pays. La demande de ces marchés consiste principalement d’aliments pour bébé, de ketchup, de pâté, et d’autres produits à base de viande. L’entreprise alimentaire Hamé recherche également en Afrique des matières premières, comme les gousses ou les doubles concentrés de tomates.

L’entreprise a récemment exporté ses produits pour la première fois vers la Chine. Il s’agissait d’aliments à base de viande, de fruits et de légumes pour bébés, qui, selon l’entreprise, possèdent un grand potentiel sur le marché.

Les investissements liés à la production ont atteint près de 156 millions de couronnes, soit près de 5,8 millions sur l’année dernière. L’argent a principalement était destiné aux usines de fabrication dans les villes de Kunovice, de Podivín et de Babice. Grâce à ces investissements, des modernisations ont pu être réalisées dans le fonctionnement et les équipements technologiques des usines, la production est devenue plus efficace et la capacité de production s’est agrandie. Pour cette année, Hamé prévoit investir en plus environ 219 millions de couronnes, soit 8,1 millions d’euros.

L’entreprise Hamé possède neuf usines, dont sept en République tchèque, une en Russie et une en Roumanie. La société emploie 2350 travailleurs au total.

Fusions et acquisitions : le marché tchèque se réveille

2013 a été une année particulièrement bonne pour le marché tchèque des fusions-acquisitions. Le nombre d’achats et de ventes d’entreprises a rebondi de 50% pour s’élever à 233, soit le meilleur bilan depuis 2007. Mieux même, les Tchèques ont été les investisseurs les plus actifs en Europe centrale et du sud-est.

Selon les données communiquées ce mercredi par la société de conseil EY, qui établit le classement chaque année, la République tchèque devance la Pologne et la Turquie, deux pays plus grands, pour ce qui est du montant estimé des transactions réalisées ou annoncées impliquant au moins une entreprise tchèque, que celle-ci soit acquéreur ou vendeur, tandis qu’en termes de nombre de transactions, la République tchèque arrive en quatrième position, derrière la Turquie, la Bulgarie et la Pologne. L’immobilier (41 transactions), les services (31) et la production (28) ont été les secteurs les plus attirants pour les investisseurs en République tchèque.

Le volume des transactions réalisées sur le marché tchèque des fusions et acquisitions a augmenté de 21% entre 2012 et 2013 pour grimper à 10,63 milliards de dollars. Les deux grandes transactions opérées par Telefónica Czech Republic et Net4Gas ont grandement contribué à cette croissance, puisqu’elles représentent à elles seules 51% de l’ensemble des transactions enregistrées en 2013. Par ailleurs, le rôle des entreprises tchèques à l’étranger, dont l’activité augmente régulièrement ces dix dernières années, tend également à gagner en importance.

Autre tendance à s’être confirmée en 2013 : plus de la moitié (56%) des transactions ont été exclusivement nationales, contre 60% en 2012. Sur ce point précis, la République tchèque profite de la présence depuis déjà plusieurs années de grands groupes d’investissement, tels que PPF, EPH, KKCG ou Penta. L’activité de ces groupes permet au marché de toujours rester en mouvement, y compris lorsque les investisseurs étrangers sont plus réticents à s’engager en République tchèque.

La part des acquisitions réalisées par les investisseurs tchèques à l’étranger, qui est passée de 14% en 2012 à 18% en 2013, constitue une autre constatation positive. Il s’agissait pour l’essentiel d’acquisitions dans les pays voisins, concrètement neuf en Slovaquie et cinq en Allemagne. A noter également la hausse de l’activité en Bulgarie avec quatre acquisitions, contre une seule encore en 2012.

Inversement, la part des investissements étrangers en République tchèque est restée inchangée à 26%. Avec respectivement treize et onze projets, les Américains et les Allemands ont été traditionnellement les plus présents, devant les investisseurs suisses (6) et britanniques (5). Dans cette colonne, la production et l’immobilier ont été les deux secteurs les plus porteurs.

Les territoires tchèques se battent pour accueillir Amazon

Après la décision du conseil municipal de Brno mardi de ne pas donner son aval à la société d’investissement CTP pour construire un entrepôt logistique pour la firme Amazon, les territoires tchèques et l’agence CzechInvest redoublent d’effort pour tenter d’accueillir le leader mondial de la distribution en ligne. Alors qu’elle vient d’obtenir le droit de construire un premier entrepôt dans les environs de Prague, et ce malgré les protestions des habitants concernés, Amazon souhaite toujours disposer d’un second dépôt sur le sol tchèque pour lui permettre prioritairement de fournir le marché autrichien et à terme de proposer ses services en République tchèque. Sa promesse de créer 1500 postes de travail ne laisse pas insensible les autorités alors que le pays connaît un taux de chômage record, plus de 600 000 personnes étant sans emploi au mois de janvier.

Parmi les territoires qui font désormais les yeux doux à l’entreprise américaine se trouve la ville d’Ostrava, à l’est de la Moravie. Ce mercredi, la municipalité a annoncé envisager proposer à Amazon un terrain dans la zone industrielle de Mošnov pour la construction de son centre de distribution géant. Celui-ci devrait en effet occuper une surface de 95 000 m2, soit l’équivalent d’environ quatorze terrains de football. En réaction aux déclarations qui considéraient que le projet avait définitivement échappé à Brno, la région de Moravie du Sud, où est située cette ville, a également décidé de contre-attaquer en évoquant la possibilité de mettre à disposition des terrains lui appartenant. Il est question plus précisément d’une parcelle sproche de l’aéroport de Brno, au sud de la ville.

Il ne s’agit toutefois pas des seules offres puisque des localités situées dans les régions de Plzeň, à l’ouest de la Bohême, et de Zlín à l’est de la Moravie de l’Est, sont également envisagées. Avec ses centres tchèques, Amazon disposerait de 25 centres de distribution dans toute la République tchèque et la plupart des médias voient d’un bon œil cette installation en notant qu’elle permettra à ses clients d’économiser l’argent des frais de port.

D’autres, par exemple au sein du parti des Verts, dont les représentants au conseil municipal de Brno ont voté contre le projet d’implantation d’Amazon, sont plus critiques et considèrent que si la quantité d’emplois potentiellement créés est attractive, leur qualité l’est moins. Il est en effet souvent reproché à la société américaine les conditions de travail imposées à ses employés. Des grèves importantes dans les centres allemands de la firme fin 2013 sont venues le rappeler. Les salaires sont relativement faibles et sont à comparer avec la fortune accumulée par le fondateur et patron d’Amazon, Jeff Bezos, qui, avec un compte en banque estimé à 18,4 milliards de dollars, était le 26e homme le plus riche du monde en 2012. La même année, selon le journal The Guardian, la société facturait ses ventes réalisées en Grande-Bretagne au Luxembourg, une pratique lui permettant d'échapper à l'impôt britannique. C’est cette entreprise que les territoires tchèques se battent pour accueillir. Ces voix critiques considèrent plutôt que la Tchéquie devrait s’efforcer d’attirer des projets permettant la création d’emplois à forte valeur ajoutée.

Les Tchèques de moins en moins nombreux : un défi économique pour l’avenir

Pour la première fois depuis dix ans, la population en République tchèque a décru en 2013. A la fin de l’année, 10 512 400 personnes vivaient dans le pays, c’est-à-dire 3 700 de moins qu’en 2012. Selon l’Office tchèque des statistiques, qui dévoile cette information ce vendredi, cette baisse s’explique par un taux d’accroissement naturel négatif et par un solde migratoire également négatif, et ce pour la première fois depuis 2001. Cette confirmation de la morosité de la démographie tchèque implique de nombreux défis économiques pour l’avenir du pays qui devra notamment faire face à une importante augmentation du nombre de retraités en même temps qu’à une baisse significative du nombre d’actifs.

La République tchèque est l’un des pays d’Europe et même du monde où le taux de fécondité est parmi les plus faibles. Les femmes y avaient en moyenne 1,27 enfant en 2012. Une explication avancée serait la croissance de la population diplômée des écoles supérieures, qui privilégieraient leur carrière à la fondation d’une famille. Aussi, l’an passé, il y a eu plus de décès, 109 200, que de naissances, 106 200, et le taux d’accroissement naturel tchèque est donc négatif. Même problème du côté du solde migratoire : selon la Télévision publique, les Tchèques seraient nombreux à émigrer de leur pays en raison du faible niveau des salaires. Ils iraient s’installer en Allemagne où en Autriche où ces salaires sont bien plus élevés. A l’inverse, la République tchèque attire peu d’immigrants et ce solde migratoire est donc négatif.

Les démographes considèrent toutefois qu’il est possible que cette tendance s’inverse. La croissance de la population en Afrique et en Asie pourrait conduire à une immigration importante et la République tchèque pourrait en bénéficier. Pour encourager la natalité, la grande majorité des partis politiques proposent différentes mesures. Actuellement au pouvoir, les sociaux-démocrates, les représentants du mouvement ANO et les chrétiens-démocrates, dont la politique familiale est l’une des priorités, ont ainsi certains projets en la matière. Il est question d’augmenter à partir de 2015 les exonérations fiscales lorsque les familles ont un deuxième ou un énième enfant. Une autre mesure est envisagée, elle faisait partie du programme de la social-démocratie lors des dernières élections législatives, qui consisterait à étendre la prime à la naissance au deuxième et au troisième enfant. Les chrétiens-démocrates souhaitaient eux augmenter le nombre d’écoles maternelles et primaires publiques, tant il est vrai que les structures d’accueil pour les enfants en bas âge manquent. D’autres formations, comme celle des Verts, souhaitent que les hommes puissent bénéficier de droits renforcés en matière de congé parental.