Quel financement pour la rénovation des appartements en République tchèque?

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Retour cette semaine sur la rencontre des ministres du Logement de l'UE, qui a eu lieu lundi et mardi à Prague. Au programme des discussions notamment, le financement de la rénovation d'appartements et de la « revitalisation » des cités à la périphérie des villes.

Laurent Ghekiere, du Comité européen de coordination de l'habitat social, a assisté aux débats et conférences. RP lui a demandé s'il avait pu se faire une idée de la situation en République tchèque :

« Le principal enseignement que l'on peut en tirer est qu'on a l'impression que les problèmes du logement sont de même nature que dans les anciens membres de l'UE, alors qu'a priori ils sont de nature tout à fait particulière, notamment par rapport aux grands ensembles de préfabriqués : ils ont le même aspect que les logements HLM en France par exemple, alors que la nature même des problèmes qui se posent dans ces immeubles est complètement différente. D'abord, ce ne sont pas des logements sociaux, puisqu'ils ont été privatisés donc vendus aux locataires. Donc ce sont plutôt des copropriétés de logements privés, avec davantage de problèmes techniques de remise aux normes que de problèmes sociaux. Alors qu'en France, dans les mêmes immeubles et dans les mêmes quartiers de logement à forte densité, nous avons plutôt des problèmes de ségrégation sociale, de ghettoïsation que des problèmes techniques. Or ici, il apparaît que ce sont d'abord des problèmes techniques de remise aux normes, du point de vue des problèmes d'accoustique, de structure du bâti, voire de performance énergétique de ces logements, qui ont une très faible efficacité énergétique. Et également un problème d'organisation légale de ces copropriétés : certains propriétaires ont les moyens de faire des travaux dans leur logement, d'autres non, et donc c'est plus un problème légal de gestion des copropriétés. »

L'UE peut-elle aider la République tchèque dans ces transformations ?

« Oui, nous le pensons et le revendiquons très fortement. Nous sommes auprès de la Commission européenne et du Parlement, et la réforme des fonds structurels est en train d'être négociée actuellement à Bruxelles. Il faut savoir que dans l'actuelle génération des fonds structurels 2000-2006, de nombreux Etats membres ont utilisé les fonds structurels pour développer des opérations de renouvellement urbain dans les quartiers HLM. En France, on a démoli des tours HLM vétustes, on les a réhabilitées, introduit des systèmes de chauffage performant. Et je crois qu'il faut que les nouveaux Etats membres revendiquent haut et fort qu'ils puissent bénéficier à l'avenir des mesures dont ont bénéficié les anciens. On ne financera jamais la construction de logements avec des fonds structurels, mais la réhabilitation, le traitement des espaces publics autour des logements, les problèmes d'efficacité énergétique des logements, de traitements des entrées, d'amélioration du look extérieur des logements, tout cela est potentiellement éligible aux fonds structurels mais il faut que les Etas membres le revendiquent haut et fort, à travers leur gouvernement, à travers une action en direction du Parlement, que nous au niveau du CECODHAS conduisons à Bruxelles. Nous avons d'ailleurs une réunion de prévue pour essayer de clarifier ce qui est éligible ou pas en l'état actuel des réglements des fonds structurels. »

Dans le cas où les fonds structurels ne pourraient être utilisés ou ne seraient suffisants, quelles sont les autres solutions. Meteu Turo est directeur associé à la direction des projets de la Banque européenne d'investissement :

Résumé de l'entretien : « Pour l'instant, les fonds structurels ne peuvent pas financer le logement social, sauf à travers quelques programmes comme le programme URBAN, qui est quelquechose de spécifique avec des montants assez modeste. La Banque, par contre, peut financer depuis 1997 le logement social, mais dans le cadre de projets de rénovation urbaine. On fait ça pour améliorer l'environnement et la qualité de vie. Le problème, qui est un problème général dans les nouveaux pays membres, est celui des anciens blocs d'appartement, construits avec des matériaux de mauvaise qualité. Il y a un risque que la dégradation s'accélère et que ces bâtiments construits dans les années 60-70 deviennent dangereux. Il faut avancer rapidement, et pas seulement financièrement. Sur le plan financier, nous sommes prêts à collaborer avec des prêts à long terme, mais nous avons besoins d'intermédiaires qui puissent nous donner des garanties et gérer ces opérations pour nous. L'un des problèmes en République tchèque est que le secteur bancaire a été privatisé très rapidement. Alors qu'en Pologne, nous pouvons encore compter sur une banque publique, ici les banques commerciales n'ont pas encore cette habitude, mais nous étudions les moyens les plus adaptés avec le gouvernement tchèque. »