Les jours de la Bourgogne à Prague : la passion du vin

Les jours de la Bourgogne à Prague se déroulent ce vendredi 21 et samedi 22 mai. Ce n’est pas la première fois que cette région française, qui entretient des relations historiques avec la Bohême, présente ses spécialités aux Tchèques et aux Pragois. Franck Rousselet, directeur de la maison de Bourgogne à Prague, et des viticulteurs bourguignons sont au micro de Radio Prague

« Cette année est la sixième édition du marché de rue du terroir de Bourgogne à Prague. Vendredi 21 et samedi 22 mai, les Praguois et autres vont pouvoir rencontrer des producteurs venus de Bourgogne à cette occasion. Ils vont pouvoir acheter et goûter vins, fromages, charcuteries, escargots, pains d’épice et autres produits typiquement bourguignons. Cette année, nous avons voulu faire quelque chose de plus important en organisant des journées de Bourgogne en collaboration avec la vinothèque Wines home, dans le centre de Prague. C’est justement la vinothèque qui va accueillir le directeur de l’école des vins de Bourgogne M. Servan qui vient proposer sur deux jours une formation pour sommeliers, restaurateurs, professionnels du vin et journalistes, pour leur présenter les vins de Bourgogne, comment les déguster, comment les apprécier. On a également invité plusieurs viticulteurs qui viennent proposer leurs vins, les faire découvrir avec des possibilités de vente en directe, à des prix défiants toute concurrence, pour des vins qui ne sont même pas encore sur le marché.

On organise des concerts de chanson française de groupes venant de Bourgogne. On organise aussi une exposition de photographie dans l’espace de la vinothèque Wines home.

Enfin, l’intérêt, c’est de pouvoir rencontrer les producteurs eux-mêmes qui se sont déplacés, de pouvoir discuter avec eux, de savoir comment ils travaillent, comprendre leur politique, savoir ce qu’ils attendent du marché tchèque. Ils sont très contents d’être ici et on est très content de les accueillir. »

La région de Bourgogne est-elle bien identifiée par les Tchèques ?

« C’est le gros challenge. La Bourgogne est située entre Paris et la Côte d’Azur et il faut pouvoir attirer les touristes. Il y a un gros potentiel en Bourgogne parce que les Tchèques aiment beaucoup en général l’architecture. On connaît le grand patrimoine d’art roman en Bourgogne. Il y a aussi la gastronomie et il y a également la proximité géographique parce que Prague-Dijon, ce sont 930 kilomètres, 8 heures de trajet, en voiture c’est l’autoroute tout le temps. Il y a beaucoup de Tchèques qui se déplacent en voiture et qui viennent acheter du vin. Les relations sont historiques entre la République tchèque et la Bourgogne puisque depuis 1920 le lycée Carnot de Dijon accueille à l’époque des Tchécoslovaques, maintenant des Tchèques pour préparer pendant trois ans le baccalauréat. Les Tchèques connaissent cette histoire. La maison de Bourgogne est présente depuis 1991, l’année prochaine sera la vingtième anniversaire. On est donc bien identifié. »

Vous dites que ces marchés bourguignons en sont à leur sixième édition. Avez-vous vu une évolution dont ils sont accueillis ?

« Pour parler simplement des marchés bourguignons, on a fait au début beaucoup de publicité pour attirer les gens. Cette année, on m’appelle directement pour me demander quand seront les prochains marchés. On compte environ entre 8 000 et 10 000 visiteurs dont je pense que c’est assez positif et enthousiasmant. »

Le vin est la première des spécialités de la Bourgogne. Emmanuel Berteloot travaille pour le domaine Doudet. C’est la première fois qu’il vient présenter ses vins en République tchèque.

« Nous sommes une petite exploitation en Bourgogne mais on exporte dans 25 pays actuellement, ce qui représente 60% de notre production. Et mon but, c’est de toujours avoir un point de chute dans les pays dans lesquels nous ne sommes pas présents. Nos vins sont connus, et nous sommes interrogés par des gens de pays dans lesquels nous ne sommes pas présents qui nous demandent où ils peuvent trouver nos vins.

Puis la République tchèque fait partie maintenant de l’Europe et ça nous parait incroyable que nous ne soyons pas encore présents ici. Mais comme nous sommes petits, nous n’avons pas encore eu le temps de nous en occuper. Mais une opportunité s’est présentée et nos vins ont été sélectionnés et ont plu. Et on espère que notre présence ici sera pour longtemps, pour avoir des clients qui apprécient nos vins dans des restaurants ou des clients privés. Ce que l’on veut, ce n’est pas de faire de l’argent ou développer nos ventes, ce que l’on veut surtout c’est pouvoir présenter nos vins à des gens qui aimeraient les goûter et avoir une relation suivie en Tchéquie.

L’export chez nous est une tradition, une culture. La société a été créée en 1949 avec le domaine et depuis toujours, on a fait plus d’export que de ventes en France. Et quand on a une opportunité, en plus dans un pays où on a un petit peu un côté cœur, on court. On veut travailler ici à Prague et dans le reste de la République tchèque. Il y a aussi tous les pays satellites dans lesquels on ne travaille pas, c’est-à-dire pourquoi pas la Slovaquie, pourquoi pas la Hongrie… Ce qui est très intéressant, c’est que les pays traditionnels où on vendait du vin, c’est-à-dire les pays d’Europe, l’Angleterre, le Japon, les Etats-Unis, le Canada, sont en train de rester à leur niveau mais on a plein de nouveaux marchés, notamment en Asie. Tout le monde parle de l’Asie mais personnellement, ce qui m’intéresse le plus, c’est l’Europe centrale, parce qu’on y retrouve nos racines, mais aussi des choses qu’on aime. Je commence à travailler avec des pays où je ne travailler jamais, comme l’Ukraine. Il y a la Russie qui est un peu différente, mais toute l’Europe centrale m’intéresse et c’est vraiment un pied ouvert aussi sur d’autres pays. »

Philippe Curial, également viticulteur bourguignon, a déjà l’expérience du marché tchèque.

« Je suis venu présenter les vins que nous produisons en sud-Bourgogne. Notre vignoble se trouve entre la mâconnais et le beaujolais, près de Mâcon. Bourgogne Pouilly-fuissé, Mâcon village, Bourgogne blanc, et St Véran, qui sont trois appellations produites à partir du Chardonnay, mais qui ont toutes des nuances parce qu’à chaque fois on retrouve une nature géologique différente. »

Vous vendez du vin ici depuis cinq ans. Est-ce que les Tchèques sont de bons connaisseurs de vin en général ?

« Cela ne fait aucun doute. Au point de vue distribution, sur la République tchèque, c’était jusqu’à maintenant sur un marché intime, via un réseau, des connaissances. C’est la première fois que nous avons nos vins dans un établissement qui a pignon sur rue, un bel établissement de plus. Depuis la première année, où nous sommes venus au salon vino&destilaty, un salon ouvert aux professionnels et particuliers, je crois qu’il y a des gens qui sont passionnés, intéressés, ou juste demandent à connaître. Et c’est très agréable de discuter de ces vins et de leur montrer toutes ces spécificités. »

Les Tchèques sont certes les plus gros consommateurs de bière au monde mais ils ont également une partie du pays qui a une véritable tradition viticole, avec des bons vins. Connaissez-vous ces vins tchèques, ou plutôt moraves ?

« Je connais de nom le vignoble de Moravie, je crois que c’est un très beau vignoble. J’ai goûté quelques vins tchèques, et j’ai bien aimé. D’ailleurs, j’aime tous les vins du monde. Dans toutes les régions, il y a de bons vins et des vins qu’on apprécie moins. Les cépages sont différents. Et je ne considère pas les vins de ma région ou les vins français comme une référence de goût mais on doit en fonction de chaque région et de chaque cépage s’adapter et découvrir. C’est ce qui est passionnant. C’est comme la découverte d’une ville ; vous n’avez jamais la même architecture. Ici, les bases de goût sont différentes, parce qu’on n’a pas les mêmes cépages, et on n’a pas les mêmes climats, ni les mêmes terrains, mais c’est toujours passionnant. »