Les déboires de la centrale polonaise de Turów menacent les voisins tchèques

La mine de Turów, photo: ČT

Les habitants des environs de la commune de Frýdlant, dans la région de Liberec au nord de la Bohême, n’ont pas le choix : ils doivent vivre à proximité du complexe polonais de Turów où une mine à ciel ouvert de charbon permet d’alimenter une centrale électrique. Et cela n’est pas sans poser d’importants problèmes. Dernièrement, un éboulement survenu à la mine menace la qualité de l’eau potable alimentant plusieurs villages tchèques.

Les serres de la société polonaise Citronex,  photo: ČT
Cela n’est pas la première tension frontalière qui agite la région. En février dernier, des habitants de la région de Liberec se plaignaient par exemple de la luminosité de serres à tomates et à concombres construites sur une surface de dix hectares par la société polonaise Citronex. Ces installations, non loin de la centrale de Turów, étaient visibles à plus de soixante kilomètres aux alentours.

La pollution environnementale induite par la présence de la mine et de la centrale, aux portes de la ville de Bogatynia, est toutefois autrement plus problématique que la pollution visuelle. Au début de l’année, la partie tchèque, et jusqu’au ministère de l’Environnement, s’inquiétait ainsi du projet polonais d’agrandir la fameuse mine. La rencontre du ministre Richard Brabec (ANO) avec son homologue polonais en février avait débouché sur un accord selon lequel Varsovie se devait d’informer Prague à chaque décision prise concernant Turów.

Pourtant dès juin, l’hebdomadaire Euro informait sur la problématique que constituait la baisse des nappes phréatiques en raison de l’exploitation minière. Voilà qui menaçait directement des villages tchèques s’alimentait en eau potable via ces sources. Aussi, le ministère de l’Environnement tentait de rassembler près de 250 millions de couronnes, un peu moins de 10 millions d’euros, sur les fonds européens, sur le budget de la commune, des régions et de l’Etat, afin de prendre des mesures permettant de faire face à la situation.

La mine de Turów,  photo: ČT
Situation qui est aujourd’hui très préoccupante suite à un incident survenu à la mine de Turów. Du 26 au 27 septembre dernier, un éboulement massif a endommagé le site, entraînant la suspension de l’exploitation du lignite. D’après la firme Polska Grupa Energetyczna, qui gère le complexe, les activités d’extraction devraient reprendre au 1er novembre, une affirmation que beaucoup mettent en doute.

Quoi qu’il en soit, les municipalités tchèques craignent de trinquer. Le site iDnes.cz souligne que beaucoup d’habitants de la région se chauffent via le charbon extrait de la mine et risquent de devoir passer une partie de l’automne, voire de l’hiver, sans ce lignite. Surtout, l’éboulement a affecté les eaux souterraines et l’approvisionnement de plusieurs municipalités tchèques en eau potable est incertain. Dans un récent article de l’hebdomadaire Euro, le maire de Kunratice, Milan Götz, explique que l’impact sur le niveau et la qualité de l’eau est d’ores et déjà visible. « Nous ne sommes pas préparés à un tel scénario noir », explique-t-il.