Le salaire réel connaît la baisse la plus importante depuis dix ans

Photo: Barbora Kmentová

Selon les données fournies mardi par l'Office tchèque des statistiques (ČSÚ), le salaire moyen tchèque a baissé d'environ 500 couronnes (plus de 18 euros) au quatrième trimestre 2013. Il atteint ainsi 26 637 couronnes (environ 976 euros). Si on prend en compte l'inflation, qui était de 1,1% sur cette période, le salaire réel a baissé de 2,9%. Il s’agit de la baisse la plus importante jamais enregistrée ces dix dernières années.

Photo: Barbora Kmentová
Certains analystes économiques, cités par l’agence de presse ČTK, estiment que cette information est à relativiser. Selon eux, l’octroi de primes conséquentes aux cadres des entreprises fin 2012 fausserait la comparaison entre le dernier trimestre 2013 et la même période en 2012. On constate ainsi que le salaire moyen des banquiers a été réduit plus significativement que celui d’autres professions. Le syndicaliste Josef Středula, de la Confédération tchéco-morave des syndicats, s’inquiète tout de même de cette baisse de salaire qui pourrait avoir pour conséquence une baisse de la consommation et donc le ralentissement d’une économie qui peine déjà à redémarrer et qui connaît un taux de chômage record.

Le salaire médian donne, quant à lui, une information plus précise sur la structure de l’emploi en République tchèque. Au quatrième trimestre 2013, il atteignait 22 288 couronnes (815 euros), ce qui signifiait que la moitié des travailleurs touchait moins que cette somme tandis que l’autre moitié touchait plus. Aussi, l’Office tchèque des statistiques précise que 80% des travailleurs tchèques ont un salaire compris entre 10 500 couronnes (385 euros) et 43 000 couronnes (1575 euros). Les différentes professions ont été inégalement touchées par l’évolution des salaires. Dans l’agriculture, les salaires, inférieures à la moyenne, ont légèrement augmenté alors que dans le bâtiment, ils ont diminué, illustrant les difficultés du secteur.

Selon le rapport mondial sur les salaires 2012/2013 de l’Organisation internationale du travail (OIT), la productivité a augmenté deux fois plus vite que les salaires dans les pays développés depuis 1999. L’étude conclut que la richesse produite a davantage bénéficié aux détenteurs de capitaux qu’aux travailleurs. Pour Guy Ryder, le directeur général de l’OIT, cette tendance, valable pour la République tchèque, doit être modifiée car « les salariés et leur famille ne recevraient pas la juste part qu’ils méritent ».

Mais les inégalités ne se retrouvent pas seulement au niveau des catégories professionnelles, elles sont également d’ordre géographique. Et c’est dans la région de Karlovy Vary, à l’ouest de la Bohême, que le salaire moyen est le plus faible (22 775 couronnes soit 833 euros). Sans surprise, c’est à Prague qu’il est la plus élevé (34 436 couronnes, à peu près 1230 euros), mais c’est aussi là qu’il a le plus diminué (et que vivent sans doute le plus grand nombre de cadres d’entreprise).