La Semaine de l'éco

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L'actualité économique de la semaine écoulée.

Bière : une taxe moindre pour plus de rentrées fiscales ?

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Le ministère de l'Agriculture envisage de réduire le montant de la taxe sur la consommation de la bière. Le ministre Marian Jurečka estime que l’augmentation décidée en 2010 par l’ancien ministre des Finances a entraîné une réduction des rentrées d’argent pour l’Etat mais aussi de la production de bière en République tchèque.

Dans un pays qui compte parmi les plus gros consommateurs de bière au monde, l’annonce faite par le ministre sur le réseau social Twitter n’est pas passée inaperçue et a été reprise dans la foulée par la majorité des médias tchèques. Le prix de la bière, boisson comptant traditionnellement parmi les moins chères dans les cafés, bistros et restaurants, est toujours une question sensible. Les gouvernements qui se succèdent au pouvoir le savent très bien et veillent à ne pas se mettre leur électorat à dos en veillant qu’aucune mesure ne soit prise qui pourrait entraîner une hausse trop importante du prix de la bière. Alors, si en plus un ministre évoque l’idée de réduire la taxe sur sa consommation, on imagine bien que c’est un succès garanti qui l’attend.

Pourtant, l’annonce faite par Marian Jurečka n’est encore rien d’autre que celle d’une éventualité, comme il l’a lui-même précisé :

« C’est une chose dont nous discutons au ministère depuis quelques mois déjà. Je rencontre régulièrement des brasseurs et des producteurs de malt et de houblon et je sais que tous ont été très touchés par l’augmentation de 33% de la taxe sur la consommation décidée en 2010. Mais le plus important, ce sont les 4 000 à 4 500 emplois qui ont supprimés depuis dans ces différents secteurs et dans celui plus généralement de la restauration. »

Tout en refusant d’être plus précis, Marian Jurečka n’a pas précisé quel pourrait être le montant de l’éventuelle réduction. Tout juste a-t-il admis que celle-ci serait modérée, le véritable objectif du ministre étant d’abord une collecte plus importante des impôts. Selon lui, une réduction du montant de ceux-ci permettrait d’augmenter les recettes fiscales et ainsi de mieux renflouer les caisses de l’Etat. Mais Marian Jurečka est un peu moins convaincu de la nature des retombées positives d’une telle décision pour les consommateurs de bière :

« Il est difficile de savoir dans quelle mesure une éventuelle réduction de la taxe influencerait le prix final de la bière à la vente. Néanmoins, compte tenu de l’énorme concurrence sur le marché, on peut supposer que les prix de la bière seront amenés à baisser au profit donc du consommateur. »

De son côté, la Fédération tchèque des brasseries et malteries (ČSPS) espère qu’une telle décision relancerait non seulement un secteur de la production, mais aussi tous les autres dépendants, et notamment ceux de l’agriculture et de la restauration.

Les députés valident un coup de pouce de 7,5 euros par mois pour les retraités

En fin de semaine dernière, les députés tchèques ont validé le projet de revalorisation de la hausse annuelle des pensions de retraite. A partir de l’an prochain, celles-ci seront à nouveau indexées sur l’inflation et sur l’augmentation du salaire réel. Les retraités recevront également un coup de pouce de 205 couronnes en moyenne, soit près de 7,5 euros, en compensation de cette période, révolue semble-t-il, de vaches maigres. Le Sénat doit désormais valider l’amendement.

Les parlementaires de la majorité ont voté en sa faveur, tout comme une bonne partie de ceux de l’opposition. Seuls les députés du parti conservateur TOP 09 ont fait de la résistance. La formation de l’ancien ministre des Finances Miroslav Kalousek, chantre des politiques d’austérité, place en effet l’intérêt supérieur du budget de l’Etat au-dessus de la hausse des pensions de retraite. C’est d’ailleurs le gouvernement de droite de Petr Nečas, dont faisait partie le mouvement TOP 09, qui avait décidé de ralentir le rythme d’augmentation des retraites.

Néanmoins, les partisans de l’ancienne coalition gouvernementale peuvent se rassurer, au moins pour l’année prochaine. L’inflation devrait être très faible et le salaire réel ne devrait pas augmenter de façon significative. De telle sorte que les pensions de retraite bénéficieront essentiellement de l’ajustement décidé par le nouveau gouvernement.

Pour la sociale-démocrate Michaela Marksová, la ministre du Travail et des Affaires sociales, la hausse de 7,5 euros est d’ailleurs vraiment un minimum. Les retraités reçoivent en moyenne 11 000 couronnes par mois (400 euros) et les moins bien lotis 3 500 couronnes (128 euros). Aussi, les pensions de ces derniers seront revalorisées à hauteur de 50 couronnes (1,8 euro). Rappelons que le seuil de pauvreté s'établit en République tchèque à 9 600 couronnes (près de 355 euros).

La République tchèque revoit sa politique énergétique : fin des exportations d’électricité

La République tchèque exporte actuellement chaque année environ 20% de sa production d’électricité, soit presque la quantité issue de la centrale nucléaire de Temelín (15,065 milliards de kilowattheures en 2013). Toutefois, en 2040, la République tchèque, qui est pour l’heure le cinquième plus important d’électricité au monde, devrait importer 5% de la quantité totale consommée annuellement dans le pays.

L’Etat tchèque entend modifier en profondeur sa politique énergétique. Le gouvernement redoute en effet à l’avenir une baisse importante des prix de vente de l’électricité en raison du développement des sources d’énergie renouvelables. Sur un marché européen incertain, entre autres en raison des subventions massives versées à l’éolien et au photovoltaïque, exporter de l’électricité pourrait ne plus être rentable. Tels sont les principaux éléments qui ressortent de la nouvelle version de la Conception énergétique publiée par le quotidien économique Hospodářské noviny.

Cette nouvelle conception pour les vingt-cinq prochaines années est préparée actuellement par le ministère du Commerce et de l’Industrie et sera présentée au gouvernement avant la fin de l’année. Ce document prévoit une baisse de la production des centrales thermiques à charbon et un ajournement de la construction de nouveaux réacteurs dans les centrales nucléaires. Et tandis que la consommation d’électricité augmentera, la production restera sensiblement la même que celle de ces dernières années. Du coup, en importer pourrait devenir plus intéressant économiquement qu’en exporter.

En avril dernier, la société ČEZ, contrôlée majoritairement par l’Etat tchèque, a annoncé sa décision d’annuler l’appel d’offres pour l’achèvement de la centrale nucléaire de Temelín, notamment en raison du refus du gouvernement d’apporter des garanties financières au projet. Or, actuellement, les prix de l’électricité, en chute et historiquement bas, se situent à un tiers seulement du niveau à partir duquel l’investissement gigantesque deviendrait rentable. Lancé en 2009, l’appel d’offres, le plus important dans l’histoire de la République tchèque, prévoyait la construction d’ici à 2025 de deux nouveaux réacteurs dans la plus grande des deux centrales nucléaires que possède la République tchèque.

Il y a encore quelques années de cela, lorsqu’a été prise la décision d’agrandir Temelín, les experts estimaient que les deux centrales nucléaires existantes ne permettraient plus à la République tchèque d’être autosuffisante en électricité en 2015. Or, en 2013, la République tchèque, qui exploite en priorité ses ressources naturelles domestiques que sont le charbon et le gaz, a exporté treize térawattheures et les mêmes spécialistes s’accordent sur le fait que les capacités de production seront suffisantes jusqu’en 2030.

Le ministre des Affaires étrangères et celui de l’Industrie et du Commerce main dans la main pour soutenir la diplomatie économique

Les ministres des Affaires étrangères, Lubomír Zaorálek, et de l'Industrie et du Commerce, Jan Mládek, ont signé jeudi un accord visant à favoriser le développement des exportations et de la diplomatie économique de la République tchèque. Cela signifie que les deux cabinets vont intensifier leur coopération avec deux objectifs : attirer les investisseurs étrangers en République tchèque et favoriser l’installation d’entreprises tchèques hors de ses frontières.

Le social-démocrate Lubomír Zaorálek a indiqué que la première mesure concrète de cet accord consisterait en la mise en place d’un « centre des clients » qui devrait fonctionner à partir du premier octobre. Les entrepreneurs tchèques y trouveront une carte du monde et des conseils pour déterminer où se situe la demande pour les biens qu’ils peuvent produire. Pour le chef de la diplomatie tchèque, il s’agit de créer un endroit regroupant tous les services que peut offrir l’Etat aux entreprises intéressées par l’étranger.

Les deux ministères veulent aussi assurer la qualité des personnels des représentations tchèques à l’étranger et notamment de leurs services économiques chargés de démarcher de nouveaux clients et de remporter de nouvelles commandes pour leurs firmes nationales. A l’étranger, il s’agit également de réunir sous un seul toit les services économiques et diplomatiques de la République tchèque afin d’intensifier leur coopération.

L'objectif n'est pas seulement d’appuyer l’expansion des entreprises tchèques à l’étranger mais également d’attirer de nouveaux investisseurs en Bohême, en Moravie ainsi qu’en Silésie, les trois provinces historiques de la République tchèque. Le rapprochement de certains services des deux ministères devrait contribuer à cette mission qui a déjà obtenu un succès singulier cette semaine avec la signature d’un contrat entre le gouvernement tchèque et le fabricant coréen de pneus Nexen. Celui-ci va s’implanter dans la zone industrielle de la région de Žatec, en Bohême du Nord, un investissement qui représente environ 829 millions d’euros et sans doute un millier d’emplois.