La république tchèque: Une terre hostile aux investisseurs étrangers?

Photo: Commission Européenne

Ce jeudi se tenait à Prague, à l'initiative du Forum euro-tchèque, une conférence sur le thème de la réforme de l'environnement juridico-économique tchèque, ou plutôt sur la stagnation de cette réforme, qui ne figure plus parmi les priorités du gouvernement actuel. Cette conférence avait pour principal but d'attirer l'attention des médias sur les difficultés rencontrées par les investisseurs étrangers déjà installés ou qui souhaitent s'installer dans le pays.

Photo: Commission Européenne
Le bilan dressé par le président du Forum, Dieter Mankowski, est pour le moins alarmiste:

"Le système légal dans le domaine de l'économie est loin d'être en conformité avec le monde moderne des affaires. A cause de cela, le pays pourrait non seulement voir baisser les investissements directs étrangers mais on pourrait également assister à une fuite des capitaux étrangers vers d'autres pays. Il existe un réel danger qu'à l'avenir, les petites et les moyennes entreprises aient peur d'investir en République tchèque"

Le constat fait par le président du Forum euro-tchèque est inquiétant. Pour essayer de comprendre l'évolution de la situation ces dernières années, Radio Prague s'est adressée à Guy Plessen, vice-président du Forum euro-tchèque, qui, en premier lieu, nous présente cette institution née voici cinq ans:

"C'est une institution qui a été créée par les chambres de commerce des "anciens" membres de l'Union Européenne pour assumer un lobbying politique, et pour ça on a créé une organisation spécifique, parce qu'une chambre de commerce a normalement un rôle plutôt économique qui n'a pas ce savoir-faire de lobbying"

L'année dernière, le Forum euro-tchèque a publié un document d'analyse important sur la situation économique de la Tchéquie et ses perspectives, intitulé "Agenda 2003". Guy Plessen nous en rappelle les grandes lignes et les évolutions depuis un an:

"C'était d'une part un constat de la situation légale en République tchèque en ce qui concerne le domaine de l'économie, et d'autre part des recommandations faites au gouvernement tchèque pour améliorer la situation. Malheureusement, dans la majorité des domaines, il n'y a pas eu de progrès."

Alors justement, quels sont les domaines qui nécessitent d'être modifiés? Pour quelle raison la République tchèque n'attirerait-elle plus les investisseurs? Quel est le problème majeur que l'on peut rencontrer lorsque l'on veut faire des affaires dans le pays?

"La non-transparence de la législation, principalement en matières d'enregistrement et de faillite..."

Selon vous, à quoi est due la lenteur des réformes? Aux pressions d'autres lobbys?

"Je crois que c'est aussi une inertie au sein des ministères. Un greffier n'est payé que 7000 couronnes par mois. Une caissière dans un supermarché gagne davantage. Les salaires dans le service public tchèque sont naturellement un frein. Cela indique les compétences qui sont dans ces ministères, peut-être pas au sommet, mais dans l'exécution certainement."

Vous avez rencontré il y a quelques jours le Premier ministre Vladimir Spidla. Comment s'est déroulée cette rencontre et quels en sont les résultats?

"La rencontre n'a pas été très décontractée mais je crois que le Premier ministre nous a entendu, maintenant, affaire à suivre..."

Le Ministère de l'Industrie et du Commerce a annoncé la création d'une nouvelle forme de collaboration avec le milieu des affaires. Laquelle?

"C'est exact, ça a été annoncé il y a quelques jours, il s'agirait d'un forum. Après l'approbation du ministre, on va voir quelle en sera la forme et quels seront ses pouvoirs".