La politique de bas salaire de groupes étrangers dans le viseur du premier ministre

La société néerlandaise Ahold, propriétaire de chaînes de grande distribution telles que les marques Albert ou bien Spar, est dans le viseur de Bohuslav Sobotka. Le premier ministre met en cause la politique de bas salaire de l’entreprise en République tchèque. C’est ce qu’il a signifié directement à l’ambassadeur des Pays-Bas à Prague ce lundi.

La chose prend une tournure politique. Suite à cette rencontre, l’ambassadeur Eduard Hoeks devra informer le groupe Ahold des griefs portés à son encontre par le gouvernement tchèque. De la même façon, il devra porter ce dossier au ministère néerlandais des Affaires étrangères.

Le groupe Ahold est leader en termes de grande distribution en Tchéquie, où quelque 17 000 personnes travaillent pour lui. Il y réalise un chiffre d’affaires très honorable et ses bénéfices ont augmenté de 75% au premier trimestre pour s’établir à près de 190 millions de couronnes, environ 7 millions d’euros.

Mais ces bons résultats, il les doit aussi à sa politique salariale. Selon les syndicats de l’entreprise, le salaire moyen n’y dépasserait pas les 12 500 couronnes et il s’agit d’un salaire brut. Cela représente environ 460 euros, une somme très légèrement supérieure au salaire minimum, ainsi qu’au seuil de pauvreté, en République tchèque. La direction de la firme parle quant à elle d’un salaire moyen de 15 500 couronnes, plus de 570 euros, mais elle y inclut des éléments variables seulement introduits cette année.

C’est de toute façon trop peu pour Bohuslav Sobotka. Après son entrevue avec l’ambassadeur néerlandais, le social-démocrate a rappelé les critiques entendues depuis certains pays occidentaux, la France, la Belgique ou bien aussi les Pays-Bas, face aux pratiques de dumping social, de concurrence déloyale entre travailleurs sur la base de salaires toujours plus bas. Or selon le chef du gouvernement tchèque, c’est une situation qui ne changera pas sans une uniformisation des règles salariales au sein de l’Union européenne. D’après lui, cela doit commencer par des hausses de salaires en République tchèque.

C’est tout l’enjeu des négociations en cours entre la direction du groupe Ahold et les syndicats qui ne parviennent pour l’heure pas à s’entendre sur une nouvelle convention collective. La direction propose d’augmenter les salaires de 8% l’an prochain et à nouveau de 7% l’année suivante. Les syndicats souhaitent une hausse de 1000 couronnes par mois dès janvier prochain et une augmentation de 7% en 2017. Vendredi, Bohuslav Sobotka devrait rencontrer les dirigeants de la société Ahold pour qu’une solution puisse être trouvée.