ČEZ: le départ inattendu de Martin Roman

Retour aujourd’hui sur l’annonce du départ de Martin Roman de la direction du groupe énergétique ČEZ. Pour en parler, Cristina Muntean, ancienne rédactrice en chef du Czech Business Weekly, journaliste roumaine spécialiste de l’économie tchèque.

Il y a beaucoup de spéculations autour du départ de Martin Roman. Qu’en pensez-vous ?

« Le départ de Martin Roman a pris beaucoup de monde par surprise. Il y a en effet vraiment beaucoup de spéculations autour de ce changement. A mon avis, on ne saura peut-être jamais la vérité complète. On savait seulement qu’en janvier 2012 son contrat devait finir, et il n’était pas garanti que le Premier ministre le reconduise. Peut-être que lorsqu’il a senti un risque, Martin Roman a voulu partir la tête haute, avec des très bons résultats et un groupe en très bon état. »

Parce que pendant les huit années de direction exercée par Martin Roman le groupe ČEZ a développé ses activités, ici et à l’étranger…

Cristina Muntean
« Tout à fait, la stratégie du groupe ČEZ était de s’étendre en Europe de l’Est, surtout en Roumanie, Bulgarie, Albanie… »

Le groupe ČEZ gère les deux centrales nucléaires tchèques. Le départ de Martin Roman intervient à un moment assez crucial avec la phase finale de l’appel d’offres gigantesque concernant l’élargissement de la centrale de Temelin. Est-ce que ce départ est forcément lié à cet appel d’offres ?

« La République tchèque, avec la France, rêve de devenir une puissance nucléaire civile de l’UE. Le départ de Martin Roman n’est pas forcément un indicateur de la position du gouvernement tchèque sur cet appel d’offres. Il faut souligner que Martin Roman reste dans le groupe ČEZ comme chef du comité de supervision de la gestion, un comité qui a obtenu plus de pouvoirs dans le processus de décision concernant de nouveaux réacteurs à Temelin. Donc il joue toujours un rôle clé dans cet appel d’offres. »

Il y a également des spéculations autour de Martin Roman avec des affaires compliquées apparemment peu transparentes concernant notamment une société, Appian Group, dont personne ne connaît les propriétaires et des connivences avec les responsables politiques qui ont entre autres fait la une de l’actualité tchèque lors de fameuses vacances il y a deux ans en Toscane, où M. Roman a été pris en photo avec l’ancien Premier ministre M. Topolanek et d’autres.

« Je lisais récemment un article dans la presse économique tchèque qui disait que le départ de Martin Roman était le début d’un nettoyage de managers dans les entreprises publiques. Il est bien possible qu’on voit d’autres managers partir à cause de résultats non satisfaisants pour le Premier ministre. Petr Nečas est une personne qui fait des choses lentement mais qui montrent des résultats. Si le départ de Martin Roman est le début de quelque chose d’une plus grande ampleur, ça c’est l’avenir qui le dira. »