Après la distribution du gaz, Prague envisage la municipalisation de l’électricité

Photo: SB

Il y a quelques semaines de cela, au mois de mars 2014, la mairie de Prague a acquis la part majoritaire dans la société d’approvisionnement en gaz Pražská plynárenská. Les représentants de la ville envisagent de continuer dans ce processus de municipalisation de la gestion des ressources stratégique et misent sur la société Pražská energetika (PRE – Énergétique de Prague).

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L’acquisition de la part majoritaire au sein de Pražská plynárenská de son ancien propriétaire, le consortium allemand E.ON, a coûté à la mairie près de 6 milliards de couronnes (222 millions d’euros). Par cette opération, Prague contrôle désormais un réseau de distribution stratégique et est également devenu bénéficiaire de la majorité des bénéfices distribués en dividendes. En effet, Pražská plynárenská a généré un bénéfice net de 673 millions de couronnes (25 millions d’euros) en 2012 dont 633,5 millions de couronnes (23,5 millions d’euros) ont été payés en dividendes. Le fait que ce profit ne soit plus versé aux actionnaires privés mais revienne aux caisses publiques peut encourager la municipalité à réinvestir dans le maintien et la modernisation du réseau.

Néanmoins, les termes exactes de la transaction ne sont pas connues et il n’est pas clair dans quel état se trouvent les finances de Pražská Plynárenská. Si la société nécessitait des investissements majeurs dans le futur proche, le rachat par la mairie signifierait que le pouvoir public avait municipalisé les coûts, tandis que les profits avaient été privatisés auparavant.

Selon l’adjoint au maire, Jiří Vávra (TOP09), après l’achat de la part majoritaire au sein de Pražská Plynárenská, la mairie vise maintenant la société Pražská energetika (PRE). L’objectif énoncé par Jiří Vávra, qui était en charge de l’acquisition de la société de gaz, est de mettre en place une seule entreprise distributeur de l’énergie dans la capitale tchèque. Même si les négociations sur ce sujet avec le propriétaire allemand de Pražská energetika, le concerne EnBW, n’ont pas encore été lancées, la municipalité a fait savoir d’être intéressée par l’achat.

La priorité pour la mairie de Prague est actuellement de trouver un « partenaire stratégique » pour racheter les 49% des actions appartenant jusqu’à lors à E.ON. Trois investisseurs sont déjà entrés en contact avec la ville, parmi eux notamment l’actionnaire principal de Pražská energetika, EnBW.

Le rapport de la Fédération syndicale européenne des services publics publié en 2012 confirme que la remunicipalisation est une tendance qui peut être observée à l’échelle européenne. Selon la fédération, il s’agit de l’abandon progressif du paradigme néolibéral qui vantait les mérites de la privatisation. La remunicipalisation en Europe s’impose avant tout dans la gestion de l’eau et des énergies.

Si les démarches en vue d’acquérir à nouveau le contrôle public sur la distribution des énergies ont déjà été faites par la mairie de Prague, le même scénario ne semble pas probable concernant la gestion de l’eau. En effet, Veolia Eau, une division du groupe français Veolia Environnement, qui exploite officiellement les infrastructures de la ville de Prague en matière de gestion des eaux, s’est vue renouveler son contrat en 2004, sans appel d’offres public, pour une période de vingt-huit ans (comme Radio Prague en a informé auparavant http://radio.cz/fr/rubrique/panorama/).