Alstom teste l'AGV dans la campagne tchèque

Photo: Tomáš Reiner, www.alstom.cz

Direction le village de Velim, à une soixantaine de kilomètres de Prague, là où se trouve le circuit d’essai ferroviaire de Cerhenice. Une boucle de 13 km sur laquelle est testée en ce moment l’Automotrice Grande Vitesse (AGV), le nouveau train de la société Alstom. Situation un peu paradoxale : la République tchèque n’est pas vraiment bien équipée en lignes grande vitesse, mais c’est ici qu’est testé le train le plus rapide du monde avec un record récemment établi à 574,8 km/h.

Alors pourquoi à Velim ? Réponse avec Laurent Baron, responsable du département grande vitesse de Alstom, qui nous a emmené à bord de l’AGV pendant un des essais :

« En Europe, il y a trois anneaux qui existent. Un en France à côté de Valenciennes, mais qui est limité à 80km/h, ce qui ne nous permet pas de tester suffisamment le matériel. Le deuxième est en Allemagne, l’anneau de Wildenrath, qui est la propriété de Siemens – un de nos concurrents – et qui est limité à 160 km/h donc on préfère ne pas y aller. Et le troisième est celui de Velim ici qui autorise 210 km/h, ce qui est très intéressant pour nous et qui nous permet de valider complètement le fonctionnement final du train. »

210 km/h maximum : est-ce que cela permet d’avoir des résultats pour la vitesse plus rapide à laquelle va rouler l’AGV ?

« Pour tout ce qui est chaîne de traction, qu’on soit entre 180 km/h et 360 km/h c’est exactement le même comportement. Tout ce que nous verrons ici sera parfaitement repésentatif des très grandes vitesses. Il est clair que sur d’autres aspects comme l’interface pantho/cathénaire ou la dynamique ferroviaire, c’est-à-dire l’interface roues/rails, on est limité en vitesse. On fera donc un certain nombre de simulations à partir de ces résultas pour s’assurer que la dynamique est bonne et que les résultats seront les mêmes à très grande vitesse. Mais de toutes façons il faudra aussi valider le comportement du train à 300 km/h et plus. »

Alors on est à combien de km/h là ?

« On doit être à 160 km/h ici. Les capteurs que vous voyez sont des capteurs de vibration. On a commencé les tests il y a deux mois. On a eu quelques petites difficultés au début pendant quinze jours, parce que quand on est parti de La Rochelle le train n’était pas complètement ‘nettoyé’ mais depuis le train fonctionne relativement bien et jusqu’à présent on n’a pas trouvé de grosses difficultés. »

Combien de temps vont durer les essais à Velim ?

« Les tests vont durer ici en tout quatre mois, on est à Velim jusqu’à mi-septembre. »

On se trouve dans le wagon-laboratoire. Je peux vous demander ce que vous êtes en train de faire ?

« On fait une surveillance des paramètres-bogies, pour vérifier que tout se comporte bien et faire des essais de caractérisation mécanique. Là, il y a des paramètres liés à la chaîne de traction, un certain nombre de variables liées au freinage puisqu’on est en phase de mise au point du système de freinage et puis également la surveillance de tout ce qui est fonctionnel sur le train. »

Il paraît que le principal souci ici ce sont les animaux sur la voie ?

« Oui, c’est assez rural, il y a des lapins, des biches... »

A bord de l’AGV, il y a un bon nombre de potentiels clients étrangers. Parmi eux le Norvégien Frude Mo, directeur de la société de transport de l’aéroport d’Oslo :

« Je viens pour voir le train fonctionner. On envisage de changer nos trains, d’ici cinq ou six ans. On a pas encore décidé, on est ouvert. Nous, on n’a pas besoin d’une vitesse supérieure à 250 km/h, donc on va voir, il y a beaucoup de possibilités. Le prix est évidemment important aussi... »

En quatre mois d'essais, l'AGV parcourra près de 60 000 km avant homologation finale. Les 25 premières rames ont été commandées par le consortium italien NTV et devraient rouler début 2011 en Italie.