Vlastimil Třešňák, le chansonnier signataire de la Charte 77

Photo: Galén

Le chansonnier Vlastimil Třešňák fait partie de ces musiciens qui se suffisent à eux-mêmes. Compositeur, parolier et interprète, ce musicien signataire de la Charte 77, qui a toujours refusé d’appartenir à un genre musical quelconque, continue de fasciner tant le public que ses collègues musiciens. Dans la prochaine demi-heure, nous vous présenterons un aperçu de son œuvre à travers trois de ses albums, « Koh-i-noor », « Skopolamin » et « Alter ego » ; trois albums sortis à des époques différentes qui traduisent la large palette de genres musicaux que Vlasta Třešňák est capable d’interpréter.

Un musicien qui a voulu se mêler à la vie publique

Vlasta Třešňák | Photo: Ben Skála,  Wikimedia Commons,  CC BY 2.5
Vlasta Třešňák apparaît sur la scène musicale tchécoslovaque dans la seconde moitié des années 1960. Il intègre d’abord « Šafrán », un collectif qui rassemble, à partir de 1972, plusieurs chansonniers comme Jaroslav Hutka ou Jiří Dědečeck. Mais c’est précisément dans les années 1970 que différents musiciens commencent à être persécutés par le régime, et ce pour avoir signé la Charte 77, un manifeste opposé au processus de normalisation signé par des dizaines d’intellectuels et artistes. Même s’il refusait de se considérer comme un chanteur « protestaire » Vlasta Třešňák, lui aussi signataire, est contraint d’émigrer en Suède en 1982. Après la chute du communisme, il ne reviendra à Prague qu’en 1995.

« Le rebelle s’est mis en travers
Rebelle sans cause
Il a muté en silence sans raison
Ça arrive, ça arrive, ça arrive Quand il a été vu la dernière fois
C’était déjà quelqu’un d’autre
En tête du cortège
Il agitait la main Tu avais l’habitude de sortir de tes gonds
Aujourd’hui tu tires, tu es de mèche avec ceux
Qui t’avaient enchainé avant-hier »

Un loup solitaire, mais pas toujours

Photo: Galén
En 1979, Vlasta Třešňák participe aux côtés d’autres chanteurs comme Jaroslav Hutka ou Marta Kubišová à la parution d’un album collectif baptisé « Les chanteurs interdits de la deuxième culture » (Zakázaní zpěváci druhé kultury). La même année, il sort également son premier album intitulé « Zeměměřič » - « Géomètre », lequel paraît à l’étranger grâce au collectif « Šafrán 78 ». C’est immédiatement un immense succès. Six autres albums vont suivre, dont « Koh-i-noor » (1983) ou « Koláž » (1995), enregistré avec le groupe rom Kormany. En 2005, il sort avec son groupe Band un premier album davantage orienté vers le rock et le blues intitulé « Inventura » (Inventaire), qui sera suivi de « Skopolamin » (Scopolamine) deux ans plus tard.

Photo: Galén
Même si ses premiers albums présentent l’œuvre complète d’un parolier, compositeur et interprète affirmé et indépendant, Vlasta Třešňák a, avec le temps, invité d’autres musiciens à se joindre à lui sur ses albums. En 2013, Vlastimil Třešňák sort « Alter ego » en coopération avec le groupe Termporary Quintet, affirmant ainsi une tendance vers un style musical plus jazzy et expérimental. Le dernier album en date, « Eponym », sorti en 2015, est le fruit d’une autre coopération, avec l’Alo Trio Band, un groupe formé de trois chanteuses pour lesquelles Vlasta Třešňák a écrit toutes les paroles.

Vlasta Třešňák n’est pas uniquement un musicien, mais aussi un plasticien et un écrivain talentueux. Il est l’auteur de plusieurs livres et romans, dont «Klíč je pod rohožkou » (La clé est sous le paillasson) désigné Livre de l’année en 1995. En 2007, il sort également le livre « To je hezký, ne? » (C’est joli, non ?) présenté sous forme d’entretien. Vlasta Třešňák continue de se pr oduire à différentes occasions, mais avant tout sur les scènes de petits clubs afin d’être toujours le plus proche possible de son public.