Le monde de la pop tchèque rend hommage au parolier protestataire Karel Kryl

Photo: Supraphon

Il ne reste que 361 jours avant le prochain Noël. Comment patienter tout ce temps sans devenir fou ? Peut-être en écoutant l’enregistrement du concert hommage au parolier contestataire Karel Kryl, qui s’est déroulé le 8 avril 2014 dans la salle pragoise du Lucerna. Car Karel Kryl est l’un des symboles de la Révolution de velours dont on fêtait cette année le 25e anniversaire. Depuis un balcon donnant sur la place Venceslas, il avait entamé l’hymne tchéco-slovaque, aux côtés d’un Karel Gott, sentant sans doute le vent tourné, devant une foule en liesse. Débutons sans plus attendre avec le projet Salome, un groupe formé de cinq jeunes artistes qui disent vouloir profiter du remarquable potentiel musical des chansons de Karel Kryl, et qui a eu l’honneur d’ouvrir ce concert d’exception.

Photo: Supraphon
L’événement se poursuit avec plusieurs artistes médiatico-pop flirtant délicieusement avec le monde commercial et dont on ne sait s’ils correspondent à l’idéal artistique véhiculé par l’œuvre de Karel Kryl. Le chansonnier était en effet le digne représentant d’un genre de protest song à la tchèque, féroce contre le régime communiste et ensuite critique de la manière dont s’est déroulée la Révolution de velours. La filiation n’est pas évidente avec les participants à son concert hommage. On entendra d’abord Xindl X, un artiste très radio-compatible, puis Michal Hrůza, un chanteur romantique qui reprend de bien curieuse façon l’une des chansons phares de Karel Kryl, Bratříčku, zavírej vrátka, écrite dans le contexte de l’occupation soviétique de la Tchécoslovaquie quelques mois après l’agression d’août 1968.

La suite est du même acabit avec cependant quelques sucreries de Noël qui ont visiblement permis aux spectateurs présents dans cette salle du Lucerna de passer un bon moment. Le micro passera dans un instant à Aneta Langerová. Cette chanteuse a acquis sa notoriété suite à sa victoire dans une émission de télé-réalité. Elle peut se targuer d’avoir plus tard décroché deux Rossignols tchèques, l’équivalent des Victoires de la musique en France. Viendront dans la foulée le groupe plus pop que rock Divokej Bill, les sœurs Irglovy, dont l’une des deux a été révélée par le film Once, et enfin l’incontournable Tomáš Klus, le seul artiste à pouvoir contester à Karel Gott son hégémonie en matière de Rossignol tchèque masculin.