La place du cheval dans la chanson tchèque

Photo: Archives de Radio Prague

Equus caballus en latin, un cheval en français, kůň en tchèque. C’est un animal qui peut s’endormir en étant débout. Un cheval dispose d’un sens remarquable de l’équilibre et de l’orientation spatiale. Il est présent dans la vie des hommes depuis toujours, comme le montrent les dessins sur la grotte de Lascaux, bien que sa domestication par l’homme daterait du cinquième millénaire avant Jésus-Christ. Les chevaux ont été un objet de passion pour certains artistes, mais aussi des jouets en bois des enfants. Ce sont également des acteurs bien souvent dignes de chansons. Aussi, ils figurent dans une myriade de mélodies tchèques. Partons donc au galop à leur découverte.

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A la recherche des chevaux dans la chanson tchèque, nous allons aborder une grande variété de styles musicaux. Ce qui les réunit tous est leur source d’inspiration qu’ils tirent de la chanson traditionnelle. Ecoutons tout d’abord deux mélodies représentatives de ce tronc commun folklorique. La première, « Pod našima okny » (« Sous nos fenêtres ») provient de la plume d’Adam Michna d’Otradovice, compositeur emblématique du baroque tchèque. Il s’agit d’une chanson d’amour dans laquelle deux amoureux discutent de celui qui doit donner à boire à un cheval.

Dans cette chanson, comme dans la grande majorité des autres, le cheval appartient à un homme. Ici en occurrence, la femme a peur du cheval et refuse de s’approcher pour lui donner à boire. L’homme répond : « Mon gentil cheval ne te fera rien si tu lui dis que tu es ma chérie ». Il y a une forme de complicité entre cet homme et son fidèle destrier.

De la complicité, il y a en aussi dans la chanson suivante, qui est également une mélodie traditionnelle et s’intitule « Nešťastný šafářův dvořeček » (« La tristesse dans la cour du fermier » si on traduit librement son titre en français). Ici, un jeune homme à cheval retourne dans son village et apprend avec amertume que sa chérie a trouvé un nouvel amant en son absence. Le cheval de cette histoire se révèle être un compagnon fidèle à l’homme, en tous cas plus fidèle que sa femme qui a trouvé un autre étalon.

Les chansons populaires, qui font la part belle aux chevaux, ont souvent été l’objet de reprises plus contemporaines. L’une d’entre elles provient de Waldemar Matuška qui est parmi les chanteurs tchécoslovaques les plus célèbres des années 1960 et 1970. Le cheval accompagne donc Matuška à la guerre et devient son compagnon dans la tristesse du départ, mais également dans son chemin vers la mort. « Už mně koně vyvádějí » (« Ils préparent déjà mon cheval [pour partir] ») :

L’adaptation moderne de la chanson traditionnelle morave « Súsedovi koně » (« Les chevaux du voisin ») provient du groupe Čechomor qui depuis plusieurs années contribue au regain de popularité de ces mélodies. La morale de cette chanson place le cheval non pas dans une position de sujet mais plutôt dans celle d’un objet, puisque le temps passé à entretenir des chevaux empêche un jeune homme de s’entretenir avec sa dulcinée.

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Suit un morceau de 1971 de Marie Rottrová qui s’intéresse à cet animal plutôt pour son cavalier. La chanson s’appelle « Kůň bílý » (« Le cheval blanc »).

Nous allons terminer avec un tiercé gagnant de chansons qui voient le cheval avant tout comme un être libre, sauvage, indomptable. Tout d’abord, Jaromír Nohavica, interprète folk tchèque, propose un aperçu lyrique de la vie des chevaux dans la nature, « Divoké koně » (« Des chevaux sauvages »).

Ensuite, le groupe Kamelot met en avant la dignité des chevaux et évoque la souffrance d’un homme qui assiste, impuissant, à l’incendie d’une écurie dans laquelle meurent les chevaux qu’il aimait tant. Il s’exclame dans le vide : « Sauvez les chevaux ! » (« Zachraňte koně ! »)

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Qu’est-ce que c’est ce qui nous attire chez les chevaux ? C’est peut-être une certaine lisibilité de leur âme, qu’on associe uniquement à des vertus : la fidélité, la bonne compagnie, la liberté, la rapidité, la vigueur... Le cheval accompagne très souvent son maître chez l’élue de son cœur. Terminons sur une mélodie de Jan Svěrák où cette fois, c’est le cheval lui-même qui tombe amoureux : « Když se zamiluje kůň » (« Quand un cheval tombe amoureux »).