La passion intemporelle du piano

Photo: iceviking, stock.xchng
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Pour notre nouvelle rubrique du dimanche en musique, nous allons nous laisser emporter par le talent de plusieurs pianistes tchèques, qui interpréteront une sélection de morceaux pour piano de deux compositeurs tchèques exceptionnels.

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La musique classique tchèque a bien le mérite de faire partie des plus recherchées, et ce probablement pour son incontestable qualité. Auteur-compositeur-interprète québécois, Félix Leclerc, avait un jour dit : « Un piano doit être un ami, c'est-à-dire un confident qui essuie nos rages. » Et peut-être bien parce qu’elles ont le don d’adoucir l’âme et de réveiller l'esprit à la fois, les 'Danses slaves' d'Antonín Dvořák, figurent parmi ses pièces les plus appréciées. Rassemblés dans deux opus, 46 et 72, contenant chacun huit morceaux, ceux-ci ont d'abord été écrits pour piano à quatre mains, et ont par la suite étaient orchestrés par Antonín Dvořák lui-même. Le compositeur s'était inspiré de musiques folkloriques de son pays et d’autres pays, notamment des 'Danses hongroises' de Johannes Brahms. La version piano d’une sélection des 'Danses slaves' est interprétée dans cette rubrique par Marián Lapšanský et Peter Toperczer.

Quarante ans après la composition de ces chefs-d’oeuvre, le souffle de la musique jazz métisse a commencé à envahir les milieux musicaux européens. Parmi les compositeurs et pianistes tchèques de l’époque se trouve Ervín Schulhoff, sans doute moins connu du grand public. D'origine juive-allemande, Ervín Schulhoff nait à Prague, en 1894, dans une famille de musiciens. Enfant prodige, c'est précisément sur recommandation d'Antonín Dvořák, qu’il est admis au conservatoire de Prague à l'âge de dix ans seulement. Après avoir vécu plusieurs années en Allemagne, Ervín Schulhoff revient en Tchécoslovaquie en 1923, où il devient pianiste à la Radio tchécoslovaque et travaille avec grand nombre d'artistes. S'inspirant de l'expressionisme et de l'impressionnisme, son œuvre prend rapidement un détour très expérimental, où se reflète l'ivresse du jazz de l'après-guerre. Une sélection de ses morceaux de piano est interprétée dans cette rubrique par le pianiste Tomáš Víšek.

Juif, homosexuel, communiste et avant-gardiste, Ervín Schulhoff devient une cible pour les nazis qui le traquent et l'emprisonnent avant qu’il ne parvienne à fuir en Union soviétique. Il meurt le 18 août 1942 de tuberculose, dans le camp de concentration de Wülzburg. Ervín Schulhoff est l'un des premiers compositeurs d'obédience classique à s'intéresser au jazz d'une façon significative. Les 7 e et 8 e symphonies, dont il avait commencé l’écriture en prison, resteront inachevées.