Bohuslav Martinů, le Tchèque tombé amoureux de la France

Bohuslav Martinů, photo: Le Centre de Bohuslav Martinů à Polička, CC BY-SA 3.0 Unported

L’un des plus grands compositeurs tchèques du XXe siècle, Bohuslav Martinů, est à juste titre considéré, aux côtés de ses prédécesseurs de renom Bedřich Smetana ou Leoš Janáček, comme l’un des joyaux les plus précieux de la création musicale, faisant partie du patrimoine et de l’identité tchèques.

Bohuslav Martinů, un artiste de l’Ecole de Paris

Bohuslav Martinů,  photo: Le Centre de Bohuslav Martinů à Polička,  CC BY-SA 3.0 Unported
Né dans la ville de Polička le 8 décembre 1890, dans une famille où le père exerce le métier de cordonnier et de veilleur de nuit de la commune, Bohuslav Martinů intègre en 1906 le Conservatoire de Prague, où il suit progressivement des cours de piano, de violon et d’orgue. Il fait par la suite partie de l’Orchestre philharmonique tchèque comme violoniste, continue de suivre des cours de composition et devient l’élève du compositeur Josef Suk, lui-même élève et gendre d’Antonín Dvořák. En 1923, Bohuslav Martinů quitte la Tchécoslovaquie, devenue pays indépendant, pour s’installer à Paris où il devient élève du compositeur français Albert Roussel et fait également connaissance du compositeur suisse Arthur Honegger, qui auront alors tous deux beaucoup d’influence sur son œuvre. Bohuslav Martinů composera plusieurs de ses opéras dans la capitale française, comme Les Larmes du couteau (1928), Comédie sur le pont (1935), ou Théâtre de banlieue (1936).

Compositeur nomade, parfois à son insu

Le musée de Bohuslav Martinů à Polička,  photo: Martina Schneibergová
Très influencé par différents compositeurs, tout d’abord Claude Debussy puis Igor Stravinsky qu’il rencontre personnellement, Bohuslav Martinů passe d’un certain impressionnisme pour être séduit également par le jazz, en y incluant des éléments folkloriques de la musique de son pays. C’est avec l’opéra Juliette ou la clé des songes (1937) qu’il s’aventure dans un univers plus onirique et fantaisiste dans ses compositions. Si lors de son parcours musical parisien très fructueux, Bohuslav Martinů épouse, en 1931, la couturière française Charlotte Quennehen, il rejoint les Etats-Unis peu de temps après le début de la Seconde Guerre mondiale. C’est là-bas qu’il compose la majorité de ses morceaux pour orchestre, ainsi que d’autres compositions qui rencontrent un grand succès auprès du public.

Le musée de Bohuslav Martinů à Polička,  photo: Martina Schneibergová
Aux Etats-Unis, Bohuslav Martinů aspire à créer un nouveau lyrisme, où la fantaisie prend toujours davantage le dessus. Il devient successivement professeur à la Berkshire Music School, à l’Université Princeton à New Jersey ainsi qu’au Mannes College of Music à New York. Notons que parmi ses élèves se trouvait la première femme chef d’orchestre tchèque, Vítězslava Kaprálová, qui cultivait elle aussi un grand amour pour la France.

Le tombeau d'époux Martinů à Polička,  photo: CzechTourism
Même si Bohuslav Martinů pense retourner en Tchécoslovaquie après la guerre, il ne reverra plus jamais son pays natal, essentiellement à cause du Coup de Prague en février 1948 et de la mort mystérieuse de Jan Masaryk, qui le touche profondément. Après avoir obtenu la nationalité américaine en 1952, puis une bourse de la Fondation Guggenheim, il s’installe avec sa femme parallèlement à Nice, puis en Suisse et en Italie. Bohuslav Martinů meurt le 28 août 1959 à Liestal en Suisse, laissant derrière lui un répertoire de près de 400 œuvres hétéroclites. S’il a été enterré à Schönenberg, sa dépouille est transférée en 1979 dans sa ville natale de Polička, et ce en dépit de ses derniers souhaits.

Le festival « Dny Bohuslava Martinů » célèbre le 125e anniversaire de la naissance de l’artiste

À l’occasion du 125e anniversaire de sa naissance célébré cette année, le festival Dny Bohuslava Martinů - Les Journées de Bohuslav Martinů, organisé depuis 1995, a débuté le 22 novembre et se poursuit jusqu’au 20 décembre à Prague.

De nombreux documentaires, films ou retransmissions de concerts sont également prévus dans le cadre de cet anniversaire, et ce, sur la chaîne publique Art de la Česká televize entre les 9 et 13 décembre prochains.

Le programme complet de cet événement est à retrouver sur le site :

http://www.martinu.cz