Ambiance cabaret avec Tomáš Hanák

Photo: Klíče
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Un peu de blues, mais pas seulement, ne nous fera certainement pas de mal. Pour cela nous voudrions faire cette fois une place aux chansons de type cabaret, qui sont celles qui nous ont peut-être le plus manqués ces derniers temps. Place donc à Tomáš Hanák et à son groupe, des membres du théâtre Sklep, qui se veulent pleins d’inventivité.

Des hyperboles héritées du théâtre Sklep

Photo: Punc
Le très charismatique Tomáš Hanák a fait ses preuves dans les années 1980 et 1990 en tant qu’acteur de théâtre, tout d’abord, puis de cinéma. Avant cela, c’est à la fin des années 1970, qu’il est appelé au théâtre Sklep (La Cave), et ce malgré le fait qu’il n’est pas passé par la case DAMU, l’Ecole de théâtre de Prague. Dès lors, le public l’apprécie pour ses nombreuses qualités, qu’il intègre de façon naturelle à son univers théâtral : ténébreux, énigmatique, et pourtant si vulnérable. Le fameux théâtre Sklep, où se mélangent sarcasme, humour tranchant et jeux de mots, deviendra alors son deuxième « chez soi » puis un tremplin vers ses activités variées d’artiste « touche-à-tout », comme la musique ou la modération. Mais le théâtre sera également son calvaire, du fait de son charisme inimitable. Un des membres, le fondateur du théâtre, David Vávra, dira un jour à ce propos: « C’est comme si Tomáš Hanák devait être sacrifié pour le bien du Divadlo Sklep. ». S’enchaînent alors non seulement une vie remplie de création mais aussi de déboires comme il se doit. Mais Tomáš Hanák devient très vite le chouchou du public, et les Tchèques se l’approprient.

« Nous existons depuis quinze ans, mais nous jouons sur scène à peu près deux ou trois ans. » C’est toujours avec ce sens de l’humour délirant, que Tomáš Hanák présente ses morceaux, dont la musique a été composée par différents musiciens, membres du théâtre Sklep, dont entre autres David Noll, Jiří Podzimek ou Hana Navarová, mais pour lesquels il écrit tous les textes.

Un combattant envoûtant de la liberté d’expression

Photo: Klíče
Après avoir inscrit plus d’une cinquantaine de films à son compte, Tomáš Hanák, décide en 2009 de faire donc paraître sa propre création musicale, et ce à travers l’album intitulé tout simplement Tomáš Hanák. De tous les textes que nous sommes en train d’écouter émanent une certaine exagération, une certaine « emphase ou exagération » - « nadsázka » en tchèque. Tomáš Hanák a réussi à offrir au public un album farfelu et original, son unique album à ce jour, dont les différents rythmes accompagnent à merveille les rimes. Si la première chanson que nous avons écoutée au début de cette émission « Mobilní král prasat », soit « Le roi mobile des porcs », évoque une retranscription téléphonique en vers, où le personnage négocie le prix pour animer une fête d’entreprise, la chanson « Moře se houpá » - « La mer ondule » est un clin d’œil reggae au théâtre Sklep. Le style est très éclectique, comme le prouve notamment la chanson très cabaret « Technoparty ».

« La technoparty est terminée,
le DJ est allé se coucher,
et les derniers sound systems viennent de partir »

Si les chansons reflètent la société, des chansons miroitant une culture, la dérision est le mot d’ordre. En fin de compte, certaines chansons font penser au style du duo Jiří Voskovec et Jan Werich, ces deux monstres sacrés du théâtre et de la musique du XXe siècle, mais aussi à celui de Karel Kryl, compositeur talentueux de la chanson tchèque. Tomáš Hanák, dont la voix est insinuante et suggestive, n’hésite pas à exprimer parfois sa nostalgie des temps passés, en ayant recours à la fois à la musique country, à de la musique plus traditionnelle, au jazz ou au reggae. Car avec l’inventivité et l’humour noir de Tomáš Hanák, donnant lieu à une alchimie magique, on a l’impression que tout est théâtre.

« Je suis assis et je regarde le feu qui s’endort,
la fumée s’assoupit, la dernière gorgée de vin
me brûle les lèvres, comme un baiser de la femme que tu as aimé. Les années s’écoulent, cela fait déjà beaucoup d’années
que je n’ai qui cajoler
je suis seul comme un pilotis enfoncé
je suis un château désert. Peut-être qu’un jour viendra une femme plus âgée ou plus jeune
chevronnée ou encore avec des rêves sur les paupières
qu’elle soit plate ou avec des mamelles,
j’aurais bien envie de lui dire.. »