Otakar Kubin, un de ces peintres tchèques amoureux de la Provence

Simiane

"Quand j'étais jeune, j'étais ébloui par les couleurs. Mais en même temps, aucune ne me paraissait parfaite, j'avais du mal à choisir le ton le plus beau, le plus pur. Pendant mes études, j'ai compris que les belles couleurs, on peut les acheter dans chaque magasin, et que faire une composition de tons agréables sur une toile ou sur un bout de papier, ce n'est vraiment pas un grand mérite. J'ai compris que le plus difficile, pour un peintre, est d'introduire la lumière dans la toile. Et puis, il faut que le dessin soit juste, car la ligne, c'est le langage, à travers lequel le peintre transmet ses pensées à ses proches..." Ce sont les propos du peintre tchèque Otakar Kubin, en transcription française Othon Coubine, né il y a tout juste 120 ans, le 22 octobre 1883. Il se range parmi les plasticiens tchèques du début du XXe siècle, tels Frantisek Kupka, Josef Sima ou la peintre Toyen, qui se sont fait une renommée d'abord en France, avant de percer dans leur patrie.

Originaire d'une petite ville morave, Boskovice, Otakar Kubin arrive à Paris en 1912. Dans les années vingt, il s'installe pour de bon en Provence, d'abord à Aptes, ensuite à Simiane, sous le massif des Alpes... Un paysage dont le grand admirateur de Van Gogh tombe éperdument amoureux, et qu'il immortalise sur ses toiles. Les galeries européennes achètent ses oeuvres, ses monographies sont éditées, à part la France, en Allemagne, en Italie et même au Japon. L'équilibre, le calme, les couleurs joyeuses, une ambiance qui réchauffe le coeur... ce sont les mots qu'utilisent, très fréquemment, les historiens de l'art en caractérisant l'oeuvre d'Otakar Kubin, ses images de Provence ou de Moravie... En 1951, le peintre tchéco-français revient, pour treize ans, en Tchécoslovaquie. Mais il ne sait plus s'adapter à ce changement : "... il me manque ce beau ciel, ce beau temps, que prodigue le Sud de la France... ici, le ciel bleu est gris", écrit-il et retourne en Provence. Il s'y éteint le 17 octobre 1969...

Auteur: Magdalena Segertová
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