Des dizaines de tchécophiles francophones profitent des vacances pour apprendre le tchèque à Prague

Etudiants des cours d'été d'études slaves

"Ahoj! Co delás? » "Salut! Que fais-tu? » Depuis le 25 juillet et jusqu'au 21 août, ils sont des dizaines de tchécophiles francophones à profiter des vacances pour apprendre le tchèque à Prague. Comme chaque année, l'Unité de Formation et de Recherches des études tchèques de la faculté des lettres de l'Université Charles organise ses prestigieux cours d'été d'études slaves.

Etudiants des cours d'été d'études slaves
La XLVIIe session a été inaugurée par un examen d'entrée qui a permis d'évaluer le niveau des centaines d'étudiants venus des qutre coins du monde. Ensuite, selon leurs résultats, ils ont été répartis dans des petits groupes composés d'une dizaine d'étudiants. Parmi ceux-ci, deux groupes de francophones pour qui les cours sont donnés sur la base du français. Le premier est formé de débutants qui apprennent les bases de la langue tchèque. Dans le second se trouvent en revanche des étudiants pour qui le tchèque n'est plus tout à fait une langue mystérieuse et impénétrable. Pour différentes raisons, tous sont motivés pour se perfectionner dans l'apprentissage et la pratique du tchèque, mais aussi pour découvrir la riche histoure des Pays tchèques et leur culture. Radio Prague s'est rendue en reportage à l'Université Charles. Guillaume Narguet, avec Jarka Fikerlova à la réalisation, vous emmène à leur rencontre.

Sébastien Occhipenti est l'un de ses étudiants estivaux. Ce jeune Parisien travaille comme traducteur à Bruxelles pour les institutions européennes. Il nous explique pourquoi il a choisi d'apprendre le tchèque et comment se passe son séjour à Prague :

"Je travaille à Bruxelles comme traducteur, et dans la perspective de l'élargissement de l'Union européenne, c'est important pour moi d'apprendre le tchèque. Je suis des cours depuis septembre là-bas dans le cadre de mon travail. Des professeurs tchèques nous donnent des cours de deux fois deux heures chaque semaine.

Ici, à l'Université Charles, les cours sont très bien préparés, on est bien pris en charge, c'est assez facile de trouver le cours et le niveau qui conviennent. Les professeurs sont toujours prêts à nous aider et à faire ce qu'il faut pour que l'on trouve ce qu'on y cherche.

Ca dépend des niveaux, mais fondamentalement, les cours sont divisés en deux parties. Il y a une première partie de trois heures qui est axée sur la grammaire, et une seconde partie qui est plus axée sur la communication orale et la conversation. Pour les plus avancés, il y a encore des conférences sur les réalités tchèques, l'art, la culture et la politique.

C'est difficile de définir ce qui est le plus difficile dans l'apprentissage du tchèque, mais je pense que c'est le système verbal et le vocabulaire. C'est vraiment différent des langues que l'on peut connaître en Europe de l'Ouest, donc ça demande un gros effort sur l'apprentissage du vocabulaire et de l'usage des verbes.

Les gens qui sont ici le sont pour des motifs très divers : soit pour leur travail - ce sont alors des gens qui travaillent le plus souvent dans le tourisme, la traduction, l'interprétariat - ou alors ce sont des étudiants qui ont besoin d'améliorer leur tchèque pendant l'été.

Qu'est-ce que je fais en dehors des cours ? J'étudie, bien sûr (sourire)... Non, en fait, nous avons un programme culturel assez varié avec des excursions, des visites, des projections de films tchèques aussi... Et puis à Prague, on ne s'ennuie pas vraiment, c'est une grande ville dans laquelle il y a toujours quelque chose à faire. »

Marie Polednikova est enseignante de français dans un lycée pragois. Pendant un mois, à l'occasion de ces cours d'été, c'est elle qui guide les étudiants francophones dans leur découverte plus approndie de la langue tchèque. Elle nous présente l'objectif et le programme de ces études slaves :

"Ces cours existent depuis plus de quarante ans. Le programme est destiné aux étudiants du tchèque à l'étranger qui viennent à Prague pour perfectionner leurs connaissances. Ensuite, il y a ceux qui s'intéressent, qui aiment, ceux qui travaillent à Prague et qui doivent apprendre pour pouvoir communiquer en tchèque, et bien sûr, ceux qui traduisent.

Il y a des cours pour les débutants, par exemple pour ceux qui étudient le russe et qui doivent apprendre une deuxième langue slave à côté. Ceux-là doivent ou veulent commencer ici. Puis, il y a ceux qui veulent perfectionner leurs connaissances grammaticales et enfin, ceux qui sont plus avancés et pour qui sont organisées des conférences sur la littérature et l'histoire tchèques, ou encore sur des problèmes politiques, par exemple. Le programme est très, très large. »

Le programme est également très riche en dehors des heures de cours et des murs de la faculté. Marie Polednikova, toujours, nous en donne un aperçu :

"Chaque après-midi, il y a une visite guidée à Prague. Par exemple l'Hôtel de ville de la Vieille ville ou le Théâtre national. Le mercredi, il y a des petites excursions autour de Prague. Durant le week-end, il y a une grande excursion le samedi et une plus petite le dimanche après-midi. Ils ont l'occasion de visiter les châteaux, les beautés naturelles, des choses comme ça. »

Le tchèque est une langue slave occidentale, comme le slovaque et le polonais. Marie Polednikova explique ce qui, selon elle, est le plus difficile pour un francophone lors de son apprentissage :

"Chaque langue est difficile, mais si on travaille bien, on peut passer au-dessus des difficultés. A mon avis, ce qui est le plus difficile dans l'apprentissage du tchèque, ce sont les déclinaisons et les verbes. Parce que dans l'aspect du verbe, il n'y a aucun système. Il faut donc vraiment apprendre dans le milieu tchèque pour savoir comment utiliser différents verbes dans des contextes différents. »

-Pensez-vous qu'avec l'ouverture de l'Union européenne, il y a un intérêt plus grand pour la langue tchèque ?

« Oui, oui, je trouve. Il y a beaucoup d'interprètes qui viennent à l'école d'été, beaucoup de gens qui travaillent à Prague. Il y a vraiment beaucoup plus de gens qu'avant qui sont ici pour des raisons professionnelles. Ils ont besoin du tchèque pour leur travail. »

-Dans votre groupe, quels sont les sujets que les étudiants aiment aborder ?

« Je pense que c'est la culture, la littérature, mais aussi la façon de vivre ici. Ils s'intéressent beaucoup : Comment les Tchèques s'amusent ? Comment les Tchèques travaillent ? Quels sont leurs loisirs ? Des choses comme ça... »?

-Alors, justement, quel est le regard que les étudiants français et belges portent sur la société tchèque ?

« C'est très, très difficile à dire. Je pense qu'ils nous trouvent peut-être moins ouverts, et puis il y a pas mal de Tchèques qui sont tellement attirés par leur travail qu'ils ne savent pas s'amuser et profiter de leurs passe-temps. Je pense qu'on a des problèmes pour organiser notre vie, par exemple pour les repas en famille ou les week-ends. Nous sommes beaucoup plus attachés au travail, pas seulement dans les bureaux, mais aussi autour des maisons ou des choses comme ça. »

-Quels sont les côtés de la vie en Tchéquie qu'ils apprécient le plus ?

« Je ne sais pas ! (rires) Nous sommes accueillants, nous aimons discuter, surtout de la politique... On aime la culture... Peut-être, mais il faudrait demander à mes étudiants. »

Nous avons donc demandé à Anne-Sophie Gourville, étudiante de tchèque à la faculté des lettres de l'université de Rennes, en Bretagne... Mais pourquoi donc apprend-elle le tchèque ?

« Parce que j'aime bien. J'ai commencé il y longtemps pour apprendre une langue rare qui n'était pas beaucoup parlée. A la fac, il y avait aussi des opportunités et ça m'évitait de faire des choses qui m'intéressaient moins. Ensuite, j'aime bien les auteurs tchèques, Milan Kundera et la culture tchèque. Et voilà ! »

-Comment se passent tes études de tchèque en France ?

« J'étudie à Rennes, mais dans d'autres villes aussi. Mes études de tchèque se passent bien, mais je trouve que les gens à la fac sont moyennement motivés. En fait, ce sont des petits cours, on a peu d'horaires et du coup, ça avance très peu. »

-Qu'est-ce qui te semble le plus difficile dans l'apprentissage de cette langue tchèque ?

« La grammaire, bien sûr. Selon moi, ce sont les déclinaisons et les verbes. »

-Tu es pour la première fois à Prague. Comment se passent pour l'instant les cours ?

« Très bien, je suis contente. C'est sur la base du français, c'est pratique. Le matin, nous avons un cours de grammaire de trois heures, et après, pendant une ou deux heures, il y a un cours de conversation où là, on parle tchèque uniquement, puisque le professeur ne parle pas français. »

-Quels sont les sujets que vous abordez ensemble ?

« Hier, par exemple, nous avons appris à se saluer, se souhaiter la bienvenue. On se dit où est-ce qu'on aimerait voyager et pourquoi, pourquoi on est là, comme ici avec toi, mais en tchèque. »

-Comment se passe la mise en pratique de ce que tu apprends dans la vie quotidienne, en dehors de l'école ?

« En fait, je ne parle pas énormément, parce que dans la rue et dans les magasins, tout le monde parle anglais. Quand ils entendent que nous ne sommes pas Tchèques, souvent ils parlent anglais. Et même si on essaie, on ne comprend pas tout. »

-Et que fais-tu en dehors des cours ?

« Je me promène. Je fais un peu de sport... »

-Que penses-tu de Prague et des Tchèques ?

« Je trouve Prague très jolie, très variée, très différente, avec plein d'influences parce que c'est une ville qui n'a pas été détruite. Les Tchèques sont très sympathiques et très ouverts. Du moins d'après mon expérience. »

-Qu'envisages-tu de faire à l'avenir avec le tchèque ?

« Je n'en sais rien. Peut-être rien, peut-être que je ferai prof de français ici, peut-être de la traduction... Je n'en sais rien encore si je vais m'en servir ou pas, et dans quelle mesure. Voilà ! »

Les cours d'été d'études slaves se clôtureront par une cérémonie solennelle le 21 août. D'ici là, nos futurs professeurs, maîtres de conférences, assistants, lecteurs, traducteurs, doctorants et autres étudiants issus des sections de slavistique et de langue tchèque auront encore le temps d'apprendre à compter. Ecoutez-les :

C'est la fin de ce magazine culturel consacré aux étudiants tchécophiles francophones. En attendant qu'à votre tour vous vous mettiez à l'apprentissage et à l'étude du tchèque, nous vous remercions de votre attention. A bientôt sur les ondes de Radio Prague...