Renata Tumlířová

Renata Tumlířová, photo: Archives de R. Tumlířová
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La présidente et la directrice de l’association Kaleidoskop, une communauté thérapeutique, Renata Tumlířová, est également l’une des trois cofondatrices de l’association dont l’objectif est de soutenir, d’assister les personnes souffrant de troubles de la personnalité et du comportement et de les aider à s’intégrer dans la société.

Photo: Štěpánka Budková
En République tchèque, 15% de la population souffre de ce genre de trouble. La plupart de ces personnes ont été maltraitées, tyrannisées, négligées, sujet à des souffrances ou en situation de détresse. Les troubles de la personnalité se caractérisent par un comportement impulsif, une difficulté à assurer les besoins les plus élémentaires et une non adaptation aux revendications de leur entourage. Leurs émotions sont instables et difficilement contrôlables. Ces personnes souffrent de dépression, de culpabilité, d’angoisse et de sensation de vide. Elles sont persuadées que personne ne peut les aimer ou les estimer, ce qui les mène à des tentatives et comportements suicidaires, à l’autodestruction, l’abus de l’alcool et de la drogue, donc un bouleversement total de la personne.

L’association Kaleidoskop a été fondée le 13 novembre 2006 par Renata Tumlířová, Jaroslava Jones et Daniel Suk. Tous trois ont travaillé pendant de longues années dans le secteur social non gouvernemental. Kaleidoskop s’appuie sur le modèle de la communauté britannique « Henderson hospital », fondée en 1947 près de Londres. A l’origine, ses activités étaient centrées sur le traitement des vétérans de la Seconde Guerre mondiale souffrant de stress post-traumatique. Le succès du traitement est de 70% chez les clients qui sont restés au sein de la communauté pendant une période de six mois.

Renata Tumlířová, née en novembre 1973 à Prague, a grandi dans la maison familiale à Roztoky, près de Prague. Elle a vécu une enfance tout à fait normale et, comme presque tous les enfants, rêvait d’avoir un chien qu’elle a effectivement reçu à l’âge de huit ans. Ses parents avaient pris une hypothèque sur la maison et ne pouvaient donc pas jeter l’argent par les fenêtres. Renata Tumlířová a évoqué pour Radio Prague ses souvenirs d’enfance et raconte comment elle est arrivée à sa profession de thérapeute.

« Je rêvais d’Afrique et je lisais beaucoup les livres que Karel Wagner a écrits sur l’Afrique. Je rêvais de vivre un jour en Afrique et de m’occuper des animaux. Je m’intéressais à la dynamique démographique, à la migration et je travaillais en tant que bénévole au jardin zoologique de Prague. Puis, à quinze ans en 1988, juste avant la Révolution de velours, mon père qui était un homme très entreprenant, a désiré visiter l’Amérique. Alors, nous sommes tous partis pour les Etats-Unis. Après la révolution, j’y suis retournée et j’ai commencé des études à l’école secondaire.Finalement, je suis restée au Etats-Unis pendant onze ans. J’ai fait des études de « Wild life biology » à l’Université, j’avais toujours en tête mon rêve africain, mais après deux ans j’ai réévalué la situation et je me suis dit qu’il faudrait peut-être faire des études dans un domaine dans lequel je trouverais plus facilement du travail. Je me suis donc lancée dans la psychologie avec l’idée d’étudier plus tard l’éthologie c’est-à-dire le comportement des animaux. Mais finalement, je suis restée fidèle à la psychologie et pour les études de master je me suis axée sur la toxicodépendance, qui est une branche de la psychologie, deux domaines sur lesquels j’ai actuellement des connaissances approfondies. »

Après avoir terminé ses études universitaires, Renata est restée encore une année aux Etats-Unis. Elle a travaillé à différents endroits, puis elle est revenue en Bohême où elle a été employée à différents postes, en majorité dans le secteur à but non lucratif.

Photo: Štěpánka Budková
« Comme j’ai travaillé dans la Maison à mi-chemin (Dům na půli cesty) avec des jeunes gens qui quittent les établissements de traitement et que j’avais une expérience de travail avec des gens à problèmes, acquise aux Etats-Unis, alors je me suis dit qu’il serait bien qu’il y ait dans notre pays un établissement pour les jeunes gens qui n’arrivent pas à trouver leur chemin dans la vie et qu’on pourrait aider à s’intégrer dans la société. J’ai souvent fait face au fait que beaucoup de jeunes gens finissent dans les pavillons pour patients atteints de maladies chroniques dans les cliniques psychiatriques où on leur administre des médicaments. Leur vrai problème est qu’ils sont perdus et n’arrivent pas à trouver leur place dans la vie normale, ils se sentent seuls, ne savent pas faire beaucoup de choses et sont dépressifs. Pourtant, si quelqu’un se consacre à leurs problèmes, ils sont capables de vivre une vie normale. A l’époque, je connaissais déjà Jaroslava Jones, qui est une amie, et qui venait justement de terminer son travail pour la fondation Civilia et cherchait où développer ses activités de thérapeute. Ensemble, nous avons élaboré un projet européen sur la communauté thérapeutique pour personne atteintes de troubles de la personnalité. »

Le projet a été réalisé et, depuis plus de deux ans, l’association Kaleidoskop exerce ses activités. Malheureusement, l’argent manque et actuellement l’association risque de cesser ses activités. Un projet a été présenté à la mairie de Prague et au Fonds européen, mais l’exercice des activités de Kaleidoskop dépend du Ministère du travail et des affaires sociales qui octroiera ou non des subventions à l’association.

Renata Tumlířová est persuadée que l’association civile Kaleidoskop survivra.

Photo: Štěpánka Budková
« J’ai l’avantage de croire que nos clients peuvent réussir dans la vie et tout comme je croyais que l’on arrivera à édifier la communauté, je crois que l’on arrivera à la maintenir. Ce sera très difficile, parce qu’actuellement nous avons dû résilier le bail de location. Nous sommes au centre de Prague et il nous faut payer le logement de douze à quinze clients et les bureaux, ce qui est très cher. Nous avons besoin d’un espace qui serait financièrement moins lourd à gérer et qui, plus tard, nous appartiendrait éventuellement, et où nous pourrions développer la communauté. Je suis entourée d’une excellente équipe, de collègues qui sont près à quitter Prague et se consacrer pleinement à la communauté. Nous avons aussi des clients qui se serrent les coudes avec nous, restent au sein de la communauté et sont près à la soutenir. Le slogan de la communauté est « Ne renonce jamais » et nous disons que chez nous personne n’est obligé d’être seul. Et au cours de cette crise que nous vivons actuellement, ces paroles s’accomplissent. Nous ne renonçons pas, nous luttons pour survivre, et je ne suis pas la seule à le croire, je le sens au fond du cœur et j’espère que nous arriverons à nous procurer des moyens financier et déménager dans des espaces plus convenables. »