Josef Wagner senior

Josef Wagner, 1947, photo: Frantisek Jezersky
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Dans une de nos émissions fin juin, nous vous avions présenté le peintre Josef Wagner, bien connu en France. Sa première exposition à Paris a eu lieu en 1989 à la Galerie de Rivo. Aujourd'hui, nous allons parler de son père, également Josef Wagner, un grand sculpteur du XXe siècle.

Pendant quatre ans, il a également été rédacteur en chef de la revue le Torse allongé (1935), le Grand Prix de Sculpture de l'Exposition Internationale de Paris avec la Poésie et a gagné le concours pour le monument de Bedrich Smetana à Karlovy Vary et celui du poète Jaroslav Vrchlicky à Prague. Tendances libres (Volne smery). Il a également été décoré du Prix de Mikolas Ales de la ville de Prague pour le projet de la statue de Charles IV (1948) et nommé lauréat du Prix national pour la découverte d'une nouvelle méthode de restauration lors du renouvellement des sgraffites à la Salle des jeux de paume (Micovna) au Château de Prague. Josef Wagner a notamment restauré les oeuvres de M. B. Braun à Kuks, Betlem, Brevnov et Lysa nad Labem. Toutefois son oeuvre complexe ne fut présentée qu'un an après le décès prématuré de l'artiste. L'exposition a été organisée par l'Association des artistes tchécoslovaques au printemps 1958.

Né le 2 mars 1901 à Jaromer, en Bohême du Nord-Est, Josef Wagner descend d'une famille de sculpteurs et de tailleurs de pierre avec une tradition importante s'étalant sur trois générations. Il commence son apprentissage à l'atelier de sculpture et de taille de pierre appartenant à son beau-père Josef Barta. Trois ans plus tard, Josef entre à l'Ecole professionnelle de sculpture et de taille de pierre à Horice, petite ville située dans la même région. Là, il suit des cours chez le professeur Quido Kocian. Une fois sa formation terminée, il travaille à l'atelier de son père. Mais Josef a envie de se perfectionner, de découvrir. Il part alors à Prague pour suivre les études à l'Académie des beaux-arts, où il prend des cours chez le professeur Jan Stursa et plus tard chez Otakar Spaniel. En 1924, le sculpteur J. Stursa octroie à Josef Wagner ainsi qu'à ses trois collègues une bourse pour un voyage d'études en Italie.

Le jeune sculpteur est surtout fasciné par l'époque de la renaissance. Deux ans plus tard, J. Wagner part à Paris où il habite à Montparnasse. Dans la capitale française qui le fascine au plus haut point, il étudie pendant six mois l'art européen et les nouvelles tendances. Pourtant, il ne se lancera jamais dans l'art abstrait qui restera pour lui intéressant, mais pas vraiment son style. A son retour de France, J. Wagner poursuit ses études à l'Ecole des Arts Appliqués de Prague. Il est l'élève d'Otto Gutfreund qu'il admire beaucoup, tout comme ses contemporains. Le jeune sculpteur termine ses études à vingt-sept ans. Les reproductions de ses oeuvres commencent à paraître dans la revue Tendances libres (Volne smery). A cette époque il devient également membre de l'Association des plasticiens Manes.

En 1930, grâce à la bourse d'une fondation renommée, il part avec son frère Antonin pour un voyage de quatre mois en Italie. Il revient au pays de Michel-Ange deux ans plus tard, après avoir épousé le sculpteur Marie Kulhankova. Le couple visitera également la Grèce et la Crète. Dans les années trente, Josef Wagner fait l'acquisition de l'atelier d'Otto Gutfreund à Prague. Mais il réalise ses oeuvres également à Horice et Jaromer. A la fin de la guerre, il est nommé professeur à l'Ecole Supérieure des Arts Appliqués de Prague. La famille voyageait entre Jaromer, Kuks, Horice et Prague. A Pâques, pendant les fêtes de Noël ou l'été, ses deux fils l'aidaient, par exemple, à nettoyer les statues de M. B. Braun.

Nous avons demandé au peintre Josef Wagner, fils du célèbre sculpteur, de parler un peu de son père.

Avait-il le temps de se consacrer à sa famille ?

« Bien sûr. Il enviait un peu ma formation classique que lui-même ne possédait pas. Sa formation était artisanale. Il suivait les cours avec moi et me disait avec amour de tout étudier. C'est ce qui s'appelle de nos jours la formation continue. Donc, il me dirigeait avec soin, de façon harmonieuse et discrète, vers toute discipline, que ce soit la chimie, les mathématiques ou la physique... »

Votre père vous a beaucoup impressionné lorsqu'il travaillait. Pourriez-vous évoquer quelques souvenirs de son travail ?

« La plus forte impression, c'était lorsque j'allais à vélo chercher de la bière pour mon père. A l'époque je ne voulais absolument pas me consacrer à l'art. Après lui avoir ramené la bière, j'avais cette précieuse occasion de m'arrêter et de l'observer. Il ne ressentait aucune gêne et travaillait la pierre à la prima, comme disent les peintres, ce qui veut dire avec une telle maîtrise que j'en perdais le souffle. C'était tellement irréel que je pensais qu'un tel coup précis allait faire voler la pierre en éclats. C'était une sorte de musique qui émanait de la pierre. Et justement par cette maîtrise il renouvelait les traditions du baroque, car à cette époque les sculpteurs ne travaillaient pas avec finesse et lenteur, tout simplement ils taillaient la pierre avec force étant connaisseurs de la matière. Mon père pensait que j'allais devenir sculpteur, alors il m'a appris à travailler la surface, mais j'ai réalisé que je ne pourrais jamais prendre cette voie. Mais j'ai été vraiment surpris par le caractère extraordinaire de sa véritable maîtrise enchaînant sur les époques précédentes. »

Le sculpteur Josef Wagner, membre de l'Académie tchèque des Sciences et des Arts, est décédé le 10 février 1957.

La maison à Horice