Pierre-Arnaud Dablemont : «C’est un peu dangereux de jouer des Tchèques chez les Tchèques. »

Pierre-Arnaud Dablemont, photo: http://en.pierre-arnaud-dablemont.co

Ce mardi, a eu lieu au palais Pálffy à Prague le récital de Pierre-Arnaud Dablemont, un jeune pianiste français qui étudie actuellement à Prague. Après le concert, avec au programme des sonates de Mozart et de Chopin mais aussi des préludes de Debussy et des études d’Ohana, l’élève du professeur František Maxián a expliqué au micro de Václav Richter pourquoi il avait décidé de poursuivre ses études au Conservatoire de Prague:

«Quand j’étais à Paris, j’ai eu envie de bouger un petit peu parce qu’il faut voir des pays et essayer d’aller vers d’autres horizons, vers d’autres cultures pour mieux appréhender, peut-être, les différences et la variété dans la musique. L’Europe centrale est assez riche au niveau musical. Et puis finalement, il y a eu cette rencontre avec le professeur František Maxián et j’ai décidé de venir ici.»

Avez-vous trouvé à Prague un milieu favorable pour le mûrissement d’un jeune artiste ?

« J’ai travaillé en toute tranquillité ce qui n’est pas vraiment possible à Paris. Travailler comme j’en avais envie, être tranquille, me consacrer vraiment au piano. A Paris on a plus tendance à vadrouiller partout, et puis on s’aperçoit qu’on n’a pas fait grand-chose, ou on a fait beaucoup de choses mais des choses pas bien. »

A Prague vous travaillez avec le professeur František Maxián. Lequel de vous a choisi l’autre ? C’est vous qui avez choisi votre professeur, c’est František Maxián qui vous a choisi ?

«C’est une bonne question. (Rires.) En fait, on s’est choisi. C’est moi qui ai choisi d’abord, et puis, il y a eu un point de suspension parce qu’il ne me connaissait pas vraiment. On avait travaillé quelques heures ensemble et il m’a dit :’Ecoute, tu deviendras mon élève. Je te prends. Pas de problèmes’. Voilà. »

Qu’est ce cela vous donne de travailler avec František Maxián?

«Il m’a appris à extérioriser tout ce que j’avais appris en France. Je dirais qu’il m’a appris à travailler. (Rires.) Je n’étais pas un grand travailleur et avec lui j’ai plus structuré les choses. Et puis le conservatoire a renforcé toute ma base théorique qui me manque un peu puisque elle n’est pas obligatoire en France. Ici elle est obligatoire et maintenant elle me sert.»

Quels sont vos auteurs préférés?

«Je vais répondre avec des guillemets. Mes auteurs préférés en ce moment ? En ce moment je suis très branché à Brahms, même si je n’en joue presque pas. Ravel est une constante, Ravel est vraiment le compositeur que je préfère.»

Maintenant, comme vous vivez et travaillez à Prague, n’avez-vous pas envie de vous attaquer au répertoire tchèque?

«Je me suis attaqué au répertoire thèque. J’ai beaucoup joué Janáček, j’ai joué ‘La Sonate’ et ‘Dans les brumes’. Ca va paraître un peu paradoxal mais je connais assez mal le répertoire pour piano de Dvořák et de Smetana. Mais j’ai beaucoup joué Janáček et aussi la musique de chambre de Martinů. Effectivement, j’aimerais venir aux compositeurs tchèques mais j’ai encore cette petite barrière qui me dit : ‘C’est un peu dangereux de jouer des Tchèques chez les Tchèques.’»

N’êtes-vous pas tenté par la musique de chambre?

«Bien sûr que si. C’est tout à fait rigolo que vous en parliez puisque il y a quelques semaines on a démarré un trio avec des amis et qui fera, on espère, une grande carrière.»

Quels sont donc maintenant vos projets? Comment imaginez-vous votre avenir ?

«Peut-être me concentrer encore plus sur le piano, et achever, dans une certaine mesure bien sûr, ce que j’ai commencé. C’est-à-dire, comme je suis un peu idéaliste, atteindre mon idéal musical. »