Le sommet de l'année Mozart en République tchèque

Photo: CzechTourism

L'avant-dernier opéra de Mozart, « La Clemenza di Tito » oeuvre brillante et mal-aimée, revient au Théâtre des Etats à Prague où il a été donné en première audition, le 6 septembre 1791, sous la baguette de son auteur. Pour faire revivre cet opéra le Théâtre national de Prague a fait appel aux époux Ursel et Karl-Ernst Herrmann, spécialistes renommés des productions mozartiennes.

C'est la première de cet opéra qui doit couronner toutes les festivités organisées en Tchéquie à l'occasion de l'année Mozart, année du 250e anniversaire de la naissance du compositeur. « La Clémence de Titus » a été composé en trois semaines pour Léopold II, empereur d'Autriche qui s'est fait couronner roi de Bohême. Sur les scènes des théâtres lyriques, cette oeuvre composée sur un livret de Metastasio a été éclipsée par d'autres opéras de son auteur. Ursel Herrmann à qui on a confié la mise en scène de cette production, estime que c'est injuste.

« Nous n'arrivons pas à le comprendre parce que nous aimons cet opéra. Au XIXe siècle il était parmi les opéras de Mozart qu'on jouait le plus. Ce n'est qu'au XXe siècle que cette oeuvre a été un peu oubliée. Pour nous, son caractère représentatif, c'est à dire le fait qu'il ait été crée à l'occasion d'un couronnement, n'est pas très important, tout comme l'histoire de Rome antique dont il s'inspire. Ce qui est important pour nous, ce sont les conflits humains qui sont montrés dans cet opéra. »

Pour Ursel Herrmann cet opéra du couronnement qui évoque très librement un épisode du règne de l'empereur romain Titus Flavius est donc surtout un drame des passions qui sont éternelles.

« Il est très intéressant de savoir ce que les gens sont capables de faire pour le pouvoir. On est capable d'assassiner, de trahir. Vittelia, la rivale de Titus séduit Sixtus et lui inspire l'idée de tuer son ami. Je crois que de tels problèmes ne disparaîtront pas tant qu'il y aura des hommes sur la Terre. Et nous avons voulu démontrer et le démontrons à la fin de cette tragédie que les plaies des protagonistes de cette histoire sont tellement profondes qu'elles sont inguérissables. »

Pour monter « La Clémence de Titus » on a composé deux distributions, deux équipes de chanteurs. La première est internationale, la seconde réunit des membres de la troupe lyrique du Théâtre national. Les deux équipes sont dirigées par le chef d'orchestre italien Alessandro de Marchi. Celui-ci met accent surtout sur la coopération et la fusion de tous les artisans de ce spectacle.

« Dans une telle production on ne peut pas séparer la partie musicale de la partie scénique. C'est aussi la raison pour laquelle nous avons toujours cherché à travailler ensemble. Dans une telle situation, dans une collaboration aussi étroite, on ne sait pratiquement plus qui est chef d'orchestre, qui est metteur en scène, scénographe. Mais c'est l'unique voie pour redonner la vie à un opéra aussi ancien que La Clemenza di Tito. »

Le résultat de cette collaboration étroite sera présenté au public pragois dès ce samedi.