Les Tchèques lassés par la politique

Photo illustrative: Martina Schneibergová

Cette nouvelle revue de presse explique d’abord pourquoi une grande partie des Tchèques sont lassés par les derniers rebondissements politiques liés à la formation d’un nouveau gouvernement. Elle rappellera ensuite quelque grands chapitres de la francophilie tchèque. La question des allocations logement et l’approche du Festival international du film de Karlovy Vary sont deux autres thèmes à son menu. Il y sera également question de football.

Photo illustrative: Martina Schneibergová
Les Tchèques sont quelque peu agacés par les tractations illisibles et à n’en plus finir autour de la formation du prochain gouvernement, car près de six mois après les dernières élections législatives, le pays n’a toujours pas de gouvernement légitime. C’est du moins ce qu’estime le sociologue Daniel Kunštát qui s’est exprimé à ce sujet pour le quotidien Lidové noviny :

« En Tchéquie, il y a environ la moitié de la population qui porte un certain intérêt pour la politique. Mais, comme le révèlent les sondages, ces derniers temps, même les gens d’habitude indifférents à la chose politique, commencent à s’impatienter, car les débats sur le futur gouvernement traînent et n’aboutissent pas. La déception et la désillusion sont les sentiments qui prédominent notamment chez les gens qui, aux dernières législatives, ont donné leurs voix à de nouvelles forces politiques à la place des partis traditionnels en espérant qu’elles sauraient agir de façon constructive et au profit de l’Etat. »

Le sociologue observe que, d’une manière générale, le regard des citoyens tchèques sur la politique est très sceptique et très négatif. L’évolution actuelle ne fait qu’approfondir la méfiance à l’égard de l’ensemble des partis politiques, ainsi que l’écart entre les élites politiques et la population. D’un autre côté, peu de choses sur la scène politique locale déçoivent ou choquent les électeurs de telle sorte qu’ils seraient tentés de voter pour des partis extrémistes.

La francophilie en pays tchèques

L'exposition 'Notre France',  photo: Památník národního písemnictví
« Rapport sur un amour ». Tel est le titre d’un article publié dans la dernière édition du supplément Orientace, du quotidien Lidové noviny, qui est consacré à l’exposition intitulée « Notre France ». Visible au pavillon d’été de Hvězda, à Prague, elle témoigne de la profondeur et de l’ampleur peu commune de la francophilie tchèque au XXe siècle. Son auteur, l’historien Petr Zídek, écrit :

« L’exposition, qui renoue en quelque sorte avec l’ouvrage Francophilie et identité tchèque 1814-1914 de Stéphane Reznikow, présente les traductions et les illustrations tchèques de la poésie française du XXe siècle : 125 poètes français, 130 traducteurs et 140 illustrateurs y sont représentés. Le début du XXe siècle se distingue en particulier comme un âge d’or de la francophilie tchèque, car ce moment a vu beaucoup d’artistes et d’hommes de lettres tchèques partir à la découverte du monde en France. Par ailleurs, à cette époque-là, les traductions d’œuvres littéraires françaises constituaient plus d’un quart de l’ensemble des traductions des littératures étrangères. Baudelaire est le poète français le plus souvent traduit en tchèque, suivi d’Apollinaire, Verlaine, La Fontaine et Rimbaud. A l’époque, les pièces de théâtre françaises étaient aussi très populaires et très souvent mises en scène en pays tchèques. »

L’exposition témoigne aussi du niveau très élevé de la culture du livre tchèque. Par leur élaboration typographique et ses illustrations, nombreuses sont les éditions thèques d’un livre de poésie française qui se présentent comme de véritables bijoux. Petr Zídek rapporte enfin :

« La popularité persistante de la poésie française auprès des Tchèques dans les années 1946-1948 prouve que le choc de ‘Munich’ ne s’est pas traduit par un rejet de la culture française. Après les années 1950, où la place dans l’ancienne Tchécoslovaquie a été donnée uniquement à des auteurs classiques ou communistes, la poésie française a connu une renaissance dans les années 1960. Aujourd’hui, il y a sept ou huit recueils de poésie française qui sortent annuellement en Tchéquie. Il s’agit pour la plupart de rééditions d’auteurs reconnus. »

A qui sont destinées les allocations logement ?

Photo illustrative: Jan Langer / ČT24
En dépit de ce que le prochain gouvernement tchèque pourrait proposer un programme un peu plus à gauche que les précédents gouvernements, les organisations en charge des droits de l’Homme mettent en garde devant la montée de la pauvreté et l’augmentation du nombre de personnes à la rue. D’après ce que l’on peut lire dans le quotidien économique Hospodářské noviny, cette menace serait en rapport avec la modification de la loi sur la précarité matérielle. Sur la base de ce texte, les communes sont autorisées à recenser les zones où les phénomènes socialement inacceptables sont en augmentation. Dans ces zones, les nouveaux-venus n’auront pas le droit à une allocation logement. Le journal précise :

« D’après les données du Bureau du travail de la République tchèque, il y a déjà 27 villes qui ont eu recours à ce changement législatif. La ville de Kladno, située près de Prague, est allée plus loin encore en se déclarant comme un ‘ghetto’. D’autres villes s’inspirent de cet exemple et veulent le suivre. D’autant plus que lors de sa visite, ce mercredi, dans la ville d’ Ústí nad Labem en Bohême du nord, le président de la République Miloš Zeman a exprimé son soutien à ces initiatives. »

Même si les représentants des villes et communes concernées ne voient pas cette solution comme optimale, ils la considèrent comme l’unique possibilité de faire bouger les choses, écrit le journal.

Le football sous tous ses angles

Photo: ČTK
La Coupe du monde de football qui se déroule en Russie oblige tous ses adversaires à admettre que le football est un phénomène global que ne parviennent pas à freiner les questions de démocratisation et de droits de l’Homme. C’est une idée que suggère l’auteur d’un texte intitulé « Le football est une religion moderne, à la place de la croix on adore la balle », mis en ligne sur le site echo24.cz. Constatant que le football a réussi à unir les gens à travers les cultures, les religions et les frontières, il écrit :

« Dans l’histoire du football, un rôle crucial incombe à différentes Eglises chrétiennes. Ayant ses racines au XVIe siècle en Angleterre, le football a été d’abord mal vu par les Eglises chrétiennes, avant de voir ses clubs se multiplier à partir du XIX siècle auprès de différentes églises. A cette époque-là, le football servait entre autre à modérer les conflits entre les différentes confessions religieuses à l’aide de règles strictes et d’arbitres. Dans le monde moderne, le football offre, tout comme jadis la religion, un des rares refuges dans lequel l’individu peut acquérir une identité collective à travers l’équipe dont il est le fan. La terminologie du football trahissant certains signes sacrés, l’important est aussi le fait que l’on choisit l’équipe de sa préférence pour toute sa vie et qu’on hérite de cette préférence de ses parents, tout comme en matière de confession religieuse. »

L’auteur du texte publié sur le site echo24.cz indique en conclusion que l’on peut aujourd’hui voir jouer côte à côte au sein d’une même équipe de football chrétiens, musulmans, bouddhistes et que les fans les aiment autant les uns que les autres. A condition bien sûr qu’ils représentent la « bonne » équipe. Dans les pays qui sont quotidiennement confrontés à des problèmes de tolérance et liés aux migrations, le football réussit alors à éliminer, ne serait-ce que pour quatre-vingt-dix minutes, des différences qui, dans la vie courante, constituent parfois des obstacles infranchissables.

En attendant l’ouverture du Festival international du film de Karlovy Vary

Festival international du film de Karlovy Vary,  photo: Štěpánka Budková
A quelques jours de l’ouverture, le 29 juin, de la 53e édition du Festival international du film de Karlovy Vary, l’hebdomadaire Reflex remarque :

« La quantité des films de qualité réalisés chaque année est limitée. Les réalisateurs des meilleurs films préfèrent pour leur première Cannes ou la Berlinale. Ainsi, Karlovy Vary, ville balnéaire située en Bohême occidentale, doit d’habitude se contenter de ce qui reste. On peut cependant espérer qu’avec les douze films en compétition, le festival puisse cette année renouer avec l’édition précédente qui a proposé des films étonnamment bons, et que le jury aura de quoi choisir. »

L’article rappelle, qu’outre le jury officiel, ce sont aussi les spectateurs qui peuvent exprimer, par le biais de bulletins de vote, leur avis non seulement sur les films en compétition mais sur l’ensemble des films présentés. Le prix décerné par les spectateurs a une certaine importance, car il permet aux producteurs et aux distributeurs d’évaluer le possible succès des films avant leur sortie en salle.