Ladislav Fialka

Ladislav Fialka, photo: CTK

Ladislav Fialka, célèbre mime et lauréat du prix national, qui avec une habileté magistrale a su exprimer les gestes, les attitudes, les sentiments et les émotions naturelles, faisant partie de la vie au quotidien. L'amour, le bonheur, la déception, la bêtise, l'infamie, la dérision de certaines actions de l'homme et de la vie apparaissent sous un angle tragi-comique de gestes tamisés au miroir de la vérité. L'artiste a réussi une renaissance de la pantomime en Tchécoslovaquie, l'art dramatique le plus ancien au monde, qui était sur le point de sombrer dans l'oubli. Enfant, il rêve de devenir clown, il deviendra mime. Et tout comme le célèbre Marcel Marceau, son exemple constant, il est une légende, malheureusement, en République tchèque sans égal et sans successeur équivalent. L. Fialka, c'est l'apogée de la pantomime en Tchécoslovaquie. Le nom du célèbre mime et de sa troupe Divadlo Na zabradli est connu et reconnu dans le monde entier.

Ladislav Fialka,  photo: CTK
Né en septembre 1931 à Prague, il ne manque pas de talent, hérité probablement de sa mère, comédienne amateur. Adolescent, Ladislav a beaucoup d'activités : il fait du sport, de la peinture, joue du piano, sonne de la trompette. Il est évident, qu'il est prédestiné à une carrière d'artiste. Pourtant, après le baccalauréat, Ladislav travaille dans un institut de recherche comme dessinateur - projeteur, pour des raisons personnelles. Finalement, il entreprendra tout de même des études au Conservatoire national de Prague où il suit des cours de danse chez Laurette Hrdinova et Zora Semberova, professeurs et danseuses renommées. Au cours des études, Ladislav et quelques uns de ses collègues commencent à se passionner pour la pantomime. Ils montent le spectacle Pierrot le confiseur, présenté dans le cadre de l'exposition le Monde détruit et crée. Les jeunes gens caressent l'idée de créer une compagnie de pantomime. La décision sera prise en définitive, après avoir vu le film les Enfants du paradis, reflétant le destin de Jean Gaspar Deburau, dit Jean-Baptiste, célèbre mime français d'origine tchèque. Suivent d'autres spectacles de pantomime : Cassandre et Pierrot, la Fleuriste, les Naufragés...Le service militaire obligatoire n'empêche pas Ladislav de continuer la pantomime, car comme la plupart des artistes, il est engagé à l'Ensemble artistique militaire. Ensuite, il coopère avec le fameux marionnettiste Jiri Trnka sur un film de marionnettes, le Songe d'une nuit d'été. Se sera pour le mime une période fructueuse, dont il tirera des expériences extraordinaires. En 1958, L. Fialka fonde avec ses collègues du conservatoire le premier ensemble professionnel de la pantomime, Divadlo Na zabradli. Il en deviendra la muse inspiratrice, metteur en scène, chorégraphe, directeur artistique.

La première de la représentation Pantomima Na zabradli a lieu un an après la fondation de la compagnie, dans un petit théâtre sur la place Anenské, situé près du pont Charles. L. Fialka et sa troupe y resteront pendant une trentaine d'années. Suivent d'autres spectacles qui ramasseront un grand succès, autant sur le plan local qu'international : Neuf chapeaux sur Prague, Etudes, petites histoires dans le style de Marcel Marceau, le Chemin, qui suit le trajet d'une vie, les Fous, là, il s'agit du rêve étrange d'un clown... et bien d'autres. Le spectacle Caprichos - les Caprices, dont la première a lieu en automne 1971 lors du IIe Festival International de la Pantomime, est très spécial. L. Fialka en est l'auteur, le metteur en scène, le chorégraphe et l'interprète du rôle principal. L'inspiration vient évidemment du fameux recueil de quatre-vingt gravures les Caprices - Caprichos du peintre Francisco de Goya y Lucientes. Reflet de la société en Espagne sous des angles étranges, vers la fin du XVIIIe siècle. Une réalité dramatique, un sens retourné du faux et du vrai, l'hypocrisie de l'époque de l'inquisition en Espagne. Caprichos - les Caprices sont présentés au Festival de Flandres de la musique, du théâtre et de la danse et ramassent un énorme. Il ne faut certainement pas omettre Funambules de 1977, dédié à J. B. Deburau. L. Fialka ne perd pas une minute de son temps précieux. Il enseigne à l'Académie de musique et de danse dans la section pédagogie de la danse, il est le fondateur de l'école professionnelle tchèque de pantomime, organise des stages d'été de pantomime, auxquels participent des jeunes artistes du monde entier. Certains éléments sont repris de l'école française d'Etienne Decroux, enrichis par une nouvelle technique d'expression corporelle. En 1969 a lieu le premier Festival International de la Pantomime, dont L. Fialka est également le fondateur et l'initiateur. Parmi les noms célèbres des participants se trouvent Marcel Marceau, ami de L. Fialka, et Leonid Jengibarov. Malheureusement, le quatrième Festival a été annulé pour cause du décès de l'inimitable mime. Le 22 février 1991, la mort foudroie à l'improviste. Le masque blanc de Ladislav Fialka quitte la scène de la vie pour disparaître dans les coulisses à jamais, sans geste d'adieu. Le décès est si inattendu qu'il faudra supprimer certaines pièces, car on ne trouve personne d'autre pour interpréter des rôles si difficiles.

Ladislav Fialka et sa troupe ont joué dans près de cinquante pays du monde tels que la Scandinavie, la Suisse, le Cuba, le Mexique, Istanbul, Costa Rica, le Canada, les Etats Unis, Londres, les villes de l'Italie du nord...

En décembre 1996, Matous, le fils du grand mime, a dévoilé le buste de Ladislav Fialka, coulé en bronze. Le monument, placé sur le bâtiment du théâtre Na zabradli, a été crée par le sculpteur Ellen Jilemnicka.