Tábor – exposition du hussitisme, galeries souterraines et musée du chocolat

Tábor, photo: Barbora Kmentová

Une destination touristique sur la route qui relie Prague et Český Krumlov, c’est la ville de Tábor, symbole de la résistance hussite. Construite en 1420 par des disciples du réformateur Jan Hus, Tábor - qui signifie camp en tchèque - tient son nom du mont biblique de Galilée, Tabor. Entourée de remparts, la ville a conservé son dédale de ruelles sinueuses dans lesquelles beaucoup de films ont été tournés comme Van Helsing, un film fantastique américano-tchèque. Aujourd’hui, les maisons pittoresques du centre historique de Tábor qui est une réserve protégée sont complètement restaurées. L’histoire du mouvement hussite est à découvrir dans le cadre d’une exposition installée dans les locaux de l’hôtel de ville. A quelques pas de là, le musée du chocolat récemment ouvert est une des curiosités de Tábor.

Tábor,  photo: Barbora Kmentová
Avec ses 37 000 habitants, Tábor est après České Budějovice la deuxième ville de Bohême du sud, région romantique riche en étangs, églises baroques et châteaux de tous styles. C’est en 1420 que commence réellement l’histoire de la ville de Tábor. En établissant leur quartier général sur les ruines d’un château fort du XIIIe siècle, les hussites, profondément religieux, renomment l’endroit en faisant référence au mont Tábor en Israël où la bible situe la transfiguration du Christ. L’église de la Transfiguration se dresse sur la place centrale de Tábor baptisée du nom du chef de guerre hussite Jan Žižka. La tour de l’église offre une vue magnifique de la ville construite sur un promontoire qui surplombe la rivière Lužnice. La retenue d’eau sur la Lužnice qui entourait les murailles porte elle-aussi un nom biblique, le Jourdain. Roman Proutkovský est guide touristique à Tábor:

« Tábor, c’était un Etat dans l’Etat, le pays des hussites - les taborites, comme on appelle l’aile gauche, pourrait-on dire, du mouvement hussite. Inspiré par les doctrines de Jan Hus et orienté contre le pouvoir royal, ce mouvement social et religieux exigeait la reconnaissance des quatre articles de Prague : la communion sous les deux espèces, la pauvreté des ecclésiastiques, la punition des péchés mortels sans distinction et la liberté du prêche. Afin d’acquérir le plus d’adhérents, le mouvement avait besoin d’émissaires érudits: ainsi, une école publique hussite a été créée dans la grande salle de l’hôtel de ville de Tábor. Cette école a été ouverte non seulement aux hommes, mais aussi aux femmes. A l’époque, chaque citoyen de Tábor devait se donner pour tâche de copier au moins une fois dans sa vie le texte de la Bible. »

L'hôtel de ville de Tábor,  photo: Barbora Kmentová
La salle dans laquelle les taborites avaient, au XVe siècle, leur école, est la deuxième plus grande à l’échelle du pays, raconte Jana Lorencová, du centre d’information touristique de Tábor:

« La salle de l’hôtel de ville de Tábor est la deuxième, par ses dimensions, après la salle Vladislav au Château de Prague. Aujourd’hui, elle accueille des expositions, des cérémonies de mariage, etc. Au milieu de la salle se trouve la statue équestre du fondateur de la ville, Jan Žižka. Réalisé par le sculpteur Bohumil Kafka, c’est un modèle en miniature de la statue équestre de Jan Žižka au mémorial national de Vítkov, à Prague, réputée être la plus grande statue du genre en Europe. Sur les armoiries de la ville exposées dans cette salle, l’année 1437 est la date à laquelle Tábor devient ville royale. »

Les sous-sols de l’hôtel de ville historique,  photo: Archives de ČRo7
Les sous-sols de l’hôtel de ville historique de Tábor donnent accès à un étonnant réseau de galeries souterraines long de 800 mètres qui se cache en-dessous de la place centrale et qui servait à l’origine à stocker de la bière. Les touristes en visite de Tábor peuvent se servir d’un guide GPS pour mieux s’orienter dans la ville et aussi pour parcourir deux circuits proposés dans le cadre du géocaching, l’un qui leur permet de découvrir les particularités historiques, l’autre, long de dix kilomètres, qui présente les curiosités naturelles de la région.

Musée hussite de Tábor,  photo: Barbora Kmentová
Les amateurs d’histoire ne manqueront pas de visiter la nouvelle exposition du mouvement hussite rouverte en 2010 au rez-de-chaussée de l’hôtel de ville de Tábor. Sa conception diffère de celle qui s’y trouvait depuis les années 1980. A l’entrée, elle présente quelques armes redoutées des hussites: chariot de combat, lances, hallebardes, épées, plommées, arbalètes, arquebuses. Une salle est dédiée à Jan Žižka, chef de guerre hussite qui s’est d’abord illustré au service du roi. Bien que figure controversée de l’histoire tchèque, ses succès n’ont pas été guidés que par des buts militaires, explique Jakub Smrčka, directeur du musée hussite de Tábor:

« Il avait l’ambition d’être un véritable chevalier de Dieu, combattre pour la cause de Christ: Žižka a étudié l’écriture sainte, il a cherché à vivre en accord avec la Bible et il a aussi strictement observé les principes de l’Ancien testament, en incluant quelques-uns de ces principes dans la discipline militaire de ses soldats. »

Jan Žižka,  photo: Barbora Kmentová
L’exposition évoque les sources du hussitisme, l’enseignement de Jan Hus qui a prêché contre les maux de la société et l’église, avant d’être brûlé comme hérétique à Constance. Elle nous rappelle que les idéaux du hussitisme ont inspiré le premier président tchécoslovaque Tomáš Garrigue Masaryk:

« Masaryk s’est réclamé du legs du hussitisme, en y voyant un mouvement précurseur des traditions démocratiques. Le souvenir de Jan Hus et la symbolique hussite ont aussi été un réconfort moral important pour tous ceux qui ont pris part aux conflits guerriers dans le courant du XXe siècle, notamment pour les légionnaires tchécoslovaques. »

Château gothique de Kotnov,  photo: Barbora Kmentová
La ville de Tábor, c’est aussi le musée de photographies historiques dont les archives comptent près de 18000 clichés, c’est le bâtiment néo-renaissance du théâtre Oskar Nedbal, la tour du château gothique disparu de Kotnov, et c’est avant tout la place centrale avec une statue de Jan Žižka et une jolie fontaine Renaissance.

Pas loin de cette place, le musée du chocolat a ouvert, en septembre dernier, dans un bâtiment qui a connu lui-aussi le passé hussite de Tábor. Après une rénovation complète, sa nouvelle propriétaire, Petra Kovandová, a installé dans ses locaux un musée unique en son genre dans la région:

« Notre idée était de proposer quelque chose en plus aux visiteurs, de montrer non seulement l’histoire du chocolat et du massepain. Comme nous faisons nous-mêmes nos produits et nos pralines, nous avons décidé de permettre aux gens d’observer la production pour leur faire voir directement, à travers une vitre, comment les pâtissiers fabriquent nos spécialités, parmi lesquelles les pralines fraîches fourrées d’extractions de plantes médicinales, d’épices, de vanille, d’aneth, de chili ou de wasabi aussi, par exemple, de formes et de compositions les plus diverses. »

Musée du chocolat,  photo: le site oficiel du musée
Le musée du chocolat se répartit sur plus de 1000 mètres carrés et sur trois niveaux, avec des centaines d’objets de collection : porcelaine, emballages historiques de chocolat, boîtes à cacao. Le premier étage nous fait découvrir toute l’histoire du chocolat s’étalant sur près de 4000 ans, depuis les Olmèques jusqu’à notre civilisation. Après la défaite de l’empire aztèque du souverain Montezuma II qui aurait consommé jusqu’à 50 tasses de chocolat par jour, le chocolat chaud arrive, en 1527, via l’Espagne, en Europe.

Devant une fontaine à chocolat, création extravagante du designer Bořek Šípek qui domine la salle principale du musée du chocolat à Tábor, Petra Kovandová répond à ma question de savoir ce qui l’a poussé à l’ouverture de ce musée :

« L’idée est née pendant que je travaillais dans ma firme qui fournissait depuis une vingtaine d’années sur le marché des préparations pour pâtisserie : garniture, glaçure, décoration. Un jour, je me suis dis qu’il faudrait fabriquer quelque chose d’original et c’est ainsi que j’ai commencé à chercher l’inspiration en Europe. Comme j’ai toujours admiré les Belges et leur chocolat, j’ai suivi une formation chez des chefs-pâtissiers en Belgique, et j’ai entièrement succombé au charme de la praline. Après avoir visité plusieurs musées du chocolat en Europe, j’ai décidé d’ouvrir un musée vivant qui non seulement retrace l’histoire du chocolat, mais qui permet d’observer sa production. Plus de sept ans se sont écoulés avant que l’idée de départ puisse être réalisée dans la pratique. J’ai cherché l’inspiration à Bruxelles mais surtout à Bruges qui est la capitale mondiale du chocolat, avec ses nombreuses boutiques de chocolat et son musée du chocolat Choco-Story. »

Plus d’infos sur le musée du chocolat sur : www.cokomuzeum.cz

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